(nouveau : déclarations de la conférence de presse sur les résultats, réaction actualisée du cours)

HERZOGENAURACH (dpa-AFX) - Après une chute des bénéfices l'an dernier, les perspectives de l'équipementier sportif Adidas restent moroses pour le moment. Le nouveau directeur général du groupe, Björn Gulden, estime que l'entreprise va devoir faire face à une nouvelle année difficile : les perspectives économiques incertaines et leur impact sur la consommation, les stocks élevés, notamment aux Etats-Unis et en Europe, ainsi que la situation incertaine autour des produits Yeezy en stock, issus de la coopération annulée avec le rappeur américain controversé Kanye West, devraient peser sur l'activité.

L'action Adidas a perdu plus de trois pour cent mercredi. A la mi-journée, le titre était encore en baisse de plus d'un pour cent et faisait partie des valeurs les plus faibles du Dax.

Les participants au marché ont d'abord été déçus par une forte réduction du dividende et par la confirmation des prévisions commerciales pour l'année en cours. De plus, l'analyste Volker Bosse de la Baader Bank a regretté l'absence de déclarations sur les objectifs à moyen terme. Les chiffres définitifs correspondent en grande partie à ceux déjà publiés en février, a noté l'analyste Piral Dadhania de la banque canadienne RBC. Les données sur les stocks ont montré une augmentation de près de la moitié. Ils sont supérieurs à son estimation, à six milliards d'euros, a écrit l'expert.

"2023 sera une année de transition pour poser les bases de 2024 et 2025", a déclaré le président d'Adidas, M. Gulden, lors de la présentation des résultats annuels à Herzogenaurach. Selon lui, l'entreprise doit réduire les stocks et diminuer les rabais. "En 2024, nous pourrons alors recommencer à construire une activité rentable", a déclaré le dirigeant, qui a quitté en début d'année son rival local Puma pour rejoindre Adidas.

Gulden estime que les remises devraient encore augmenter massivement, surtout au cours des six prochains mois. L'Europe et surtout les États-Unis ont des stocks importants. Ainsi, l'année dernière, les commerçants ont commandé un grand nombre de produits supplémentaires en raison des problèmes de la chaîne d'approvisionnement, afin de pouvoir répondre à la demande encore élevée à l'époque. Ces stocks sont aujourd'hui dans les entrepôts et les consommateurs sont de plus en plus réticents à acheter.

Sur les six milliards d'euros de stocks, les produits Yeezy représentent à eux seuls 0,4 milliard d'euros. La manière dont Adidas va gérer cette situation n'a pas encore été déterminée. Les options vont de différentes possibilités de vente, qui pourraient inclure le don des recettes à des organisations, à la destruction de la marchandise. C'est l'une des décisions les plus difficiles à prendre, a déclaré Gulden. Il a qualifié d'"irremplaçable" la ligne de produits qui a permis à Adidas de réaliser de magnifiques bénéfices ces dernières années.

Gulden ne se sent pas pressé par le temps pour prendre une décision. De nombreuses discussions sont actuellement en cours pour savoir comment Adidas doit gérer cette situation. Les dernières rumeurs de "négociations" sur les stocks ne sont pas vraies, a-t-il dit. Adidas avait mis fin à la coopération l'année dernière, notamment en raison des accusations d'antisémitisme portées contre le rappeur.

Rien qu'en raison de la rupture de stock des produits Yeezy, la direction s'attend à une perte de chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros cette année. Dès le dernier trimestre 2022, l'annulation de la coopération a entraîné une perte de revenus d'environ 600 millions d'euros. Dans l'ensemble, l'entreprise s'attend à une baisse du chiffre d'affaires à un chiffre, après correction des effets de change, compte tenu des actions de rabais massives en cours. Gulden espère qu'Adidas retrouvera le chemin de la croissance en 2024.

Adidas maintient donc ses prévisions pour 2023. En février, l'entreprise avait par ailleurs déjà annoncé, dans le pire des cas, une dépréciation d'un demi-milliard d'euros sur les produits Yeezy et laissé entrevoir une perte d'exploitation de 700 millions d'euros. En excluant les éventuelles dépréciations et les éléments exceptionnels tels que les coûts d'un programme de transformation, le résultat devrait être proche du seuil de rentabilité.

Gulden s'est fixé pour objectif d'améliorer l'activité de mode sportive et de renforcer à la fois les ventes directes aux consommateurs et le commerce de gros. En revanche, la Chine, traditionnellement plus axée sur la mode sportive, devrait accorder plus d'attention au secteur du sport.

Cela entraîne également des changements importants au sein du conseil d'administration. Roland Auschel, responsable des ventes, quittera Adidas après 33 ans, dont dix passés au sein du conseil d'administration du groupe. Arthur Hoeld, qui a également 25 ans d'ancienneté chez Adidas, lui succédera le 1er avril. Brian Greevy, directeur des produits et du marketing, quittera également son poste et sera remplacé par le président du groupe Gulden lui-même. Dans la situation actuelle, il faut prendre des décisions rapides, a expliqué le manager pour justifier cette décision. En revanche, le contrat de Harm Ohlmeyer, directeur financier depuis 2017, a été prolongé de manière anticipée de trois années supplémentaires, jusqu'à début 2028.

En 2022, Adidas avait enregistré une nette baisse de ses bénéfices. Le bénéfice des activités poursuivies s'est effondré, passant de près de 1,5 milliard à 254 millions d'euros. L'équipementier sportif a ainsi confirmé les chiffres provisoires qu'il avait déjà présentés. Au quatrième trimestre, il a même enregistré une perte de 482 millions d'euros, contre un bénéfice de 123 millions d'euros un an plus tôt. Les actionnaires doivent donc s'attendre à une baisse significative du dividende : Ils devraient recevoir un paiement de 0,70 euro par action pour 2022, contre 3,30 euros l'an dernier, a ajouté Adidas.

Adidas avait dû abaisser ses prévisions à plusieurs reprises l'an dernier. L'ancien patron Kasper Rorsted, dont le contrat courait initialement jusqu'en 2026, a dû partir. Il recevra au total jusqu'à près de 16 millions d'euros, y compris certaines indemnités, dont 12 millions d'euros à titre d'indemnité de départ unique./nas/stw/mis