* Pas de cessions de la part résiduelle de l'Etat pour le moment

* Une décision attendue par les élus locaux

* L'hypothèse d'un désengagement de Casil Europe évoquée

PARIS/TOULOUSE, 26 février (Reuters) - L'Etat va conserver "pour le moment" les 10,01% qui lui restent dans le capital de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, a-t-on appris lundi auprès du cabinet du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire.

"Pour le moment, on ne bouge pas, (...) on ne vend pas les 10% qu'on a", indique-t-on dans l'entourage du ministre en confirmant une information de BFM Business.

A partir du 18 avril prochain, l'Etat dispose d'un délai d'un an pour décider ou non d'exercer une option de vente sur la part de capital qui lui reste dans la société de gestion de l'aéroport toulousain.

A l'approche de cette échéance, les élus locaux se sont mobilisés ces derniers mois contre la perspective d'une cession de la part résiduelle de l'Etat à Casil Europe, actionnaire privé issu du consortium chinois Symbiose, qui a repris 49,99% de la plate-forme aéroportuaire toulousaine pour 308 millions d'euros en 2015.

Les intervenants locaux, entre les mains desquels se répartissent les 40% restants du capital de la société Aéroport de Toulouse-Blagnac, accusent ce dernier d'appliquer une politique de versement de dividendes trop généreuse, au détriment de l'investissement.

Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc (Les Républicains) a qualifié la décision du gouvernement de "bonne nouvelle", jugeant qu'il s'agit d'"un succès pour les collectivités locales".

PAUSE OU CHANGEMENT DE CAP ?

"Ce n'est pas le moment pour l'Etat de donner les pleins pouvoirs à l'actionnaire privé", a déclaré à Reuters un élu local au fait du dossier, en soulignant qu'"il est notoire que les choses ne sont pas suffisamment mûres au niveau de la gouvernance et que les actionnaires ne sont pas 100% alignés".

Selon un troisième élu local, l'objectif serait en fait que l'actionnaire chinois revende ses parts.

"On sent que l'Etat revient sur sa décision de vendre les 10,01% de parts qu'il lui reste et teste des possibilités de positionner des groupes français susceptibles de racheter les parts de Casil Europe", a dit cette source à Reuters.

Selon BFM Business, plusieurs investisseurs se sont déjà manifestés, en particulier Vinci, membre du consortium qui a repris les 60% de l'Etat dans l'aéroport de Lyon l'an dernier et candidat déclaré à une montée au capital d'ADP en cas de privatisation. Le groupe de BTP et de concessions Eiffage ainsi que le fonds de capital-investissement Ardian sont également cités.

Ni Vinci ni Eiffage n'ont pas répondu dans l'immédiat aux demandes de réaction formulées par Reuters.

Outre les parts de l'aéroport toulousain détenues par Casil Europe et par l'Etat, les 40% restants du capital sont répartis entre la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (25%) et les collectivités locales, avec 15% partagés entre le conseil départemental de Haute-Garonne, la région Occitanie et Toulouse Métropole.

Bruno Le Maire avait dit fin octobre à l'Assemblée nationale que la décision concernant la part résiduelle de l'Etat serait prise après une concertation étroite avec les élus locaux et dans l'objectif de garantir le développement économique de la plate-forme.

Depuis que l'Etat a cédé ses parts, "l'activité a augmenté de 16% et 160 millions d'euros d'investissement ont été engagés sur l'aéroport de Toulouse-Blagnac", avait-il précisé. (Myriam Rivet, avec Johanna Decorse à Toulouse et Gilles Guillaume, édité par Sophie Louet)

Valeurs citées dans l'article : Aéroports de Paris, Eiffage, Vinci