Paris (awp/afp) - Air Liquide a annoncé mardi des résultats 2023 historiquement élevés et relevé fortement la perspective d'amélioration de sa marge opérationnelle pour la fin 2025, ce qui a hissé le titre du fournisseur français de gaz industriels à de nouveaux records en Bourse.

Le groupe, l'un des géants mondiaux des gaz industriels, a engrangé un bénéfice net pour la première fois au-dessus des 3 milliards d'euros en 2023, à 3,07 milliards (+11,6%).

"Nous avons, en deux ans, pratiquement atteint l'ambition d'augmentation de la marge que nous nous étions fixée à l'horizon 2025 (...) En conséquence, nous annonçons aujourd'hui doubler notre ambition initiale", a déclaré son directeur général François Jackow lors d'un point presse au siège du groupe à Paris.

Ceci amènera l'augmentation de la marge à 3,2% entre début 2022 et fin 2025, au lieu de +1,6% prévu initialement sur le plan de quatre ans annoncé début 2022, a ajouté M. Jackow.

Salué par les marchés, le titre bondissait de 7,56% mardi en milieu d'après-midi.

L'an passé, le chiffre d'affaires s'est élevé à 27,6 milliards d'euros, en hausse de 3,7% à données comparables. Il affiche un recul de 7,8% en données publiées, en raison de la baisse des prix de l'énergie, dont les variations sont contractuellement répercutées aux clients de la grande industrie, et d'effets de change.

L'activité Gaz et Services, qui représente 95% du chiffre d'affaires, est en hausse comparable de 4,2% dans toutes les régions du monde.

Santé à domicile: "crise" en France

Les deux moteurs de la croissance ont été "la santé" (+8,4% des ventes), soutenue par "le développement dynamique de la santé à domicile et par la hausse des prix des gaz médicaux", ainsi que "l'industriel marchand" (+8,5%), a précisé M. Jackow.

En France, le groupe maintient le projet de réorganisation de son activité Santé à domicile qui s'occupe de livraisons d'oxygène à des patients souffrant d'insuffisances respiratoires. Le plan impliquant la suppression de 430 postes a été annoncé en juillet dernier.

Depuis l'épidémie de Covid-19, "c'est un secteur en développement, mais la France est une région assez particulière, où le secteur est dans une crise qui s'accélère, dans la mesure où il y a une approche basée sur la diminution du coût de remboursement, alors même que le besoin des patients chroniques augmente", a souligné M. Jackow.

"Aujourd'hui, on a une nomenclature extrêmement rigide, où l'on est obligé de faire un certain nombre de visites physiques, (...) avec des protocoles qui sont les mêmes pour un actif ou pour un retraité, or tout le monde ne peut pas avoir une visite chez soi un mercredi après-midi", a-t-il ajouté.

Le groupe, qui dit investir chaque année entre 80 et 100 millions d'euros dans ce secteur en France, est en train de travailler avec les pouvoirs publics pour "faire évoluer le système".

En France toujours, le groupe prévoit pour 2026 le démarrage de la plus grande unité d'électrolyse de l'eau du monde (200 mégawatts) en Normandie pour produire de l'hydrogène bas carbone, un investissement de plus de 400 millions d'euros soutenu par 190 millions de subventions.

"Besoin d'une infrastructure CO2" en Europe

Le groupe a souligné l'accélération de sa "dynamique d'investissement" aussi bien aux Etats-Unis qu'en Europe, soutenue notamment par des annonces de projets dans la décarbonation et le captage du CO2 industriel en Europe ainsi que dans l'électronique en Asie et aux Etats-Unis.

En 2023, le groupe a annoncé la construction d'une unité de captage du CO2 à Rotterdam, connectée à Porthos, infrastructure de captage et stockage du CO2. Il a également signé un accord avec Holcim pour décarboner une cimenterie en Belgique et conçu une solution pour une usine de Verallia en Italie.

"Il y a un vrai besoin d'une infrastructure CO2", un réseau de pipeline transnational, "qui est d'ailleurs en train d'être planifié en Europe", a souligné M. Jackow.

Air Liquide a annoncé son intention de proposer une augmentation de 8,5% de son dividende à 3,20 euros par action pour l'exercice 2023, lors de son Assemblée générale du 30 avril, et de distribuer gratuitement des actions "à raison d'une action gratuite pour 10 détenues" avec "application d'une prime de fidélité" en juin 2024.

afp/rp