Paris (awp/afp) - Dassault Aviation a enregistré des prises de commandes "exceptionnelles" de 16,3 milliards d'euros au premier semestre, mais a fait état des difficultés de sa chaîne de fournisseurs à suivre ses remontées en cadence, selon un communiqué publié mercredi.

Ces commandes sont portées par l'entrée en vigueur du plus important contrat de l'histoire de Dassault, portant sur 80 avions de combat Rafale pour les Emirats arabes unis, ainsi que la vente de 6 Rafale supplémentaires à la Grèce.

L'aviation d'affaires n'est pas en reste avec 41 Falcon commandés sur les six premiers mois de l'année, contre 51 sur l'ensemble de l'année 2021.

"En réalité, le chiffre est un peu plus élevé que celui-là, puisque nous avons annulé un certain nombre de commandes pour la Russie", en raison des sanctions qui frappent le pays à la suite de l'invasion de l'Ukraine, a précisé le PDG de Dassault Eric Trappier lors d'une conférence de presse.

La commande de 42 Rafale passée par l'Indonésie en février n'étant pas encore entrée en vigueur, n'est pas comptabilisée dans les comptes semestriels.

Malgré tout, Eric Trappier a fait état d'un "contexte de difficultés de la supply chain (les fournisseurs) et d'un marché de l'emploi tendu et concurrentiel, conséquences de la guerre en Ukraine et de la persistance de l'épidémie de Covid-19".

"L'impact de ces deux crises majeures génère des incertitudes sur les approvisionnements d'énergie, de composants électroniques et de matières, entraînant une hausse de l'inflation due à ces pénuries réelles ou potentielles, et une fragilisation de la supply chain devenue un risque majeur amplifié par la montée de nos cadences", ajoute l'avionneur dans un communiqué.

Le bénéfice net de l'avionneur a bondi de 28%, à 272 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires stable à 3,1 milliards d'euros, réalisé à 69% dans les activités de défense et conforme aux prévisions.

Côté livraisons, Dassault Aviation a livré 7 Rafale et 14 avions d'affaires Falcon au premier semestre.

Evoquant le projet de Système de combat aérien futur (SCAF), bloqué par des divergences entre Airbus et Dassault Aviation, Eric Trappier a une nouvelle fois réclamé d'avoir un "leadership clair".

L'accord entre la France, l'Allemagne et l'Espagne prévoit que l'industriel français soit le maître d'oeuvre industriel de l'avion de combat (NGF, Next Generation Fighter), principal pilier du programme SCAF.

Mais Dassault et Airbus s'opposent sur la répartition de la charge de travail, bloquant le démarrage de la phase dite "1B" du programme. Celle-ci prévoit des études détaillées en vue de lancer en 2025 la construction d'un démonstrateur en vol et d'aboutir à un avion de combat qui entrerait en service à l'horizon 2040.

"On demande simplement qu'il y ait bien un respect de cette maîtrise d'oeuvre, reconnue pas simplement pour la phase 1B mais pour aller jusqu'au vol, pour aller un jour livrer des avions à des armées opérationnelles", soit tout au long du programme, a affirmé Eric Trappier.

"On ne peut pas rester le stylo en l'air pendant des années", a-t-il ajouté. Il espère une "décision dans les semaines ou un ou deux mois à venir", tout en précisant que cela n'a "rien d'un ultimatum".

afp/rp