(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* Une rentrée animée pour les marchés financiers

* L'envol de l'euro préoccupe la BCE

* Les géants de la tech souffrent en Bourse

* L'économie et la situation sanitaire inquiètent toujours

par Patrick Vignal

PARIS, 14 septembre (Reuters) - Si la Banque centrale européenne (BCE) n'a pas modifié sa politique monétaire, elle n'en a pas moins précisé qu'elle gardait un oeil attentif sur l'euro, dont l'envolée face au dollar est l'événement de cette rentrée avec la correction boursière observée sur les géants américains de la technologie.

L'institution de Francfort surveille attentivement l'évolution de la monnaie unique et ses implications, a déclaré jeudi sa présidente, Christine Lagarde, tout en réaffirmant que la BCE restait prête à prendre de nouvelles mesures pour sortir la zone euro de la récession.

La prévision d'inflation de la BCE reste inchangée à 0,3% pour 2020, malgré le passage du taux d'inflation dans la zone euro en territoire négatif en août, du jamais vu depuis mai 2016, une évolution qui devrait persister plusieurs mois.

"Clairement, dans la mesure où l'appréciation de l'euro exerce une pression négative sur les prix, nous devons surveiller attentivement un tel élément, et cela a été abondamment débattu par le Conseil des gouverneurs", a dit Christine Lagarde lors de sa conférence de presse de rentrée.

"Mais, comme vous le savez, nous ne fixons pas d'objectif de taux de change."

Le chef économiste de la BCE, Philip Lane, a martelé le même message dans un blog publié vendredi en affirmant que la banque centrale ne pouvait pas se permettre la moindre complaisance face à une inflation appelée à demeurer durablement en dessous de sa cible.

La hausse des prix dans la zone euro reste en effet très inférieure à l'objectif d'une inflation légèrement inférieure à 2% par an que s'est fixé la BCE, ce qui était déjà le cas avant la récession provoquée par la pandémie de coronavirus.

PAS TOUTES LES CARTES EN MAINS

La BCE n'a cependant pas toutes les cartes en mains, selon Jean-Marie Mercadal, directeur général délégué en charge des gestions chez OFI Asset Management.

"Le fait que les Français et les Allemands se soient mis d'accord sur un plan de relance financé par la Commission européenne est un signal très fort qui a redonné de la crédibilité à l'euro. C'est vraiment cela qui a donné une première impulsion à l'euro. Il y aussi des facteurs fragilisants pour le dollar qui entrent en ligne de compte", a-t-il dit à Reuters.

"Autour de 1,20 dollar, ce n'est pas encore trop grave. L'euro a été créé environ dans ces eaux-là, si vous vous souvenez. Tant que l'on ne va pas trop fortement vers les 1,40, 1,50, la BCE ne va pas paniquer par rapport à cela", a-t-il ajouté.

La BCE a également souligné que l'incertitude demeurait très élevée, ce qui confirme que la reprise de l'activité économique dans la zone euro sera difficile et pourrait contraindre l'institut d'émission à augmenter prochainement le montant des actifs qu'il rachète dans le cadre de son "programme d'achats d'urgence face à la pandémie" (PEPP), souligne pour sa part Ulrike Kastens, économiste Europe chez DWS.

"La BCE restera très expansionniste pendant longtemps encore", dit-elle. "Pour dire les choses simplement, son travail n'est pas encore terminé."

Celui de la Réserve fédérale non plus, même si elle a dévoilé récemment une nouvelle stratégie visant à ramener les Etats-Unis au plein emploi et à favoriser la remontée de l'inflation, des objectifs ambitieux dans une période marquée par une croissance et une inflation faibles qui semblent appelées à persister.

TURBULENCES POUR LES GÉANTS DE LA TECH

Une autre inquiétude pour les Etats-Unis et pour le monde entier, compte tenu du poids phénoménal des acteurs concernés, provient des malheurs en Bourse d'Apple, Microsoft, Tesla et compagnie.

La séance de mardi a en effet fait entrer le Nasdaq Composite en territoire de correction avec des chutes de 21% pour Tesla, de 6,8% pour Apple et de 4,5% et Amazon

"Il n'en fallait pas plus pour que certains analystes annoncent la fin des marchés haussiers après la disparition de plusieurs centaines de milliards de dollars de capitalisation boursière", commente John Plassard, spécialiste en investissement chez Mirabaud.

S'il dit considérer comme "assez saine" la récente baisse de ces valeurs au vu de leurs récentes performances, il ne faut pas y voir, selon lui, le prologue à l'éclatement d'une "bulle".

Si le prix relatif des ces valeurs est proche des sommets atteints au début de l'année 2000, leurs valorisations sont moins tendues et soutenues par des bénéfices solides, fait-il valoir.

"En plus d'une forte croissance des bénéfices, le secteur de la technologie dispose de bilans sains et d'une forte génération de cash-flow, ce qui contraste une fois de plus avec l'épisode de 2000", écrit-il en faisant référence à l'éclatement de la bulle internet cette année-là.

Les titans de la "tech" resteront à ne pas douter dans l'actualité dans les prochains jours, de même que la politique monétaire avec les annonces de la Fed, mercredi, et de la toujours très accommodante Banque du Japon, le lendemain.

Dans un contexte très incertain sur les plans économique et sanitaire, les indicateurs macroéconomiques seront également très surveillés, avec notamment à l'agenda les prévisions économiques actualisées de l'OCDE pour les économies du G20, mercredi, et les chiffres définitifs de l'inflation dans la zone euro au mois d'août, le lendemain.

(édité par Blandine Hénault)