Paris (awp/afp) - Les 22 banques participant à EPI, nouveau service de paiement paneuropéen promis pour 2022, ont formalisé lundi soir la création de cette société, dont la structure actionnariale sera connue "à la fin de l'année", selon un communiqué publié mardi.

"Un premier pas important a été franchi le 29 novembre par le conseil d'administration d'EPI: (celui-ci) a exprimé son intention de transformer la société provisoire EPI en société +cible+", c'est-à-dire pérenne, explique le communiqué.

"Chaque actionnaire est maintenant en train de finaliser son propre processus interne de prise de décision", poursuit le texte qui indique que l'actionnariat sera connu "à la fin de l'année".

Concrètement, cela signifie qu'EPI verra forcément le jour, même si certains membres décident finalement d'attendre avant de rejoindre le projet.

Selon des informations de presse, confirmées auprès de l'AFP, l'une des principales incertitudes concerne les banques espagnoles.

Selon une source bancaire espagnole, les réticences s'expliquent principalement par l'existence d'un système de paiement déjà largement utilisé en Espagne, dans lesquelles les banques du pays ont investi d'importantes sommes d'argent : la plateforme Bizum.

Ce système, lancé en octobre 2016 par 27 banques espagnoles, dont Santander, BBVA et CaixaBank, permet d'effectuer des paiements instantanés via son téléphone portable. Il est utilisé aujourd'hui par 17,8 millions de personnes et près de 22.000 commerces.

"C'est un système qui fonctionne très bien et qui a trouvé son public", souligne la source bancaire espagnole. "S'il faut changer de modèle, il est donc normal" que les banques espagnoles regardent au préalable "quels seraient les avantages et les inconvénients" pour elles et pour leurs clients, ajoute cette source.

Si celles-ci venaient à finalement à ne pas rejoindre EPI, les autres établissements devraient investir un peu plus pour atteindre la somme nécessaire, d'environ 1,3 à 1,5 milliard d'euros.

Ces éventuelles défections, si elles se comptent sur les doigts d'une main, ne devraient cependant pas avoir d'impact majeur sur le projet.

Mais "nous ne sommes pas à l'abri d'une volte-face" plus générale, avec "un effet domino", ajoute un proche du dossier, qui reste néanmoins optimiste.

Ce projet EPI annoncé à l'été 2020 vise la création d'une nouvelle solution de paiement paneuropéenne unifiée, basée sur la technologie des transactions instantanées, en vue notamment d'offrir une alternative aux géants du secteur tels que Visa et Mastercard.

Autrefois cantonné aux discussions cryptiques entre spécialistes de la tuyauterie financière, le sujet du paiement est désormais jugé crucial par des décideurs européens soucieux de préserver l'indépendance du Vieux continent face aux géants américains et chinois.

afp/lk