Zurich (awp) - Le gestionnaire de fortune Bellevue Group a connu un exercice 2022 difficile, marqué par des sorties de capitaux pour plus d'un demi-milliard de francs suisses. Comme pré-annoncé fin janvier, le bénéfice net a fondu de près de moitié, ce qui devrait se traduire par l'amputation d'un quart de la rémunération des actionnaires.

Pendant l'exercice sous revue, le produit d'exploitation s'est étiolé de près d'un tiers à 95,9 millions de francs suisses. Dans une lettre à ses propriétaires, le groupe sis sur les bords du lac de Zurich explique mardi sa contre-performance par la guerre en Ukraine, la hausse plus forte que prévu des taux d'intérêt et l'inflation, qui ont miné la confiance des investisseurs.

Cela s'est traduit notamment par un reflux net de capitaux de 577 millions de francs suisses, contre un apport de 67,2 millions l'année précédente, "moins de 5%" de la masse sous gestion (AuM) temporise la direction de Bellevue. Reste que cette dernière a reculé de plus d'un quart (-26%) par rapport au niveau record de 2021 à 9,4 milliards.

Tempête parfaite

En conférence de presse, le directeur général (CEO) André Rüegg a expliqué que les petites et moyennes capitalisations dans le secteur de la santé, qui sont au centre de la stratégie de l'entreprise, ont essuyé une "tempête parfaite". Et de rappeler qu'au cours du premier semestre, la valeur nette d'inventaire (VNI) de véhicules d'investissement comme BB Biotech ou BB Healthcare a chuté de 20 à 30%.

Selon le patron de Bellevue, l'important reflux de capitaux est à mettre sur le compte principalement d'une réduction des positions de la part d'investisseurs institutionnels ou de gestionnaires de fortune, effectuée dans le cadre d'un rééquilibrage dans un environnement de marché particulièrement difficile. Mais les clients s'étant entièrement retirés ont été "relativement peu nombreux", a assuré le CEO.

Alors que les charges matérielles sont restées à peu près stables, la baisse de 29% des charges de personnel a permis de compenser une partie du recul des recettes et de maintenir le ratio coûts/revenus à 64%, dans le couloir visé de 60 à 65%. Les collaborateurs ont vu la part variable de leur rémunération amputée de 30 à 60%, a précisé le CEO. Le bénéfice net est ressorti à 25,3 millions de francs suisses, soit 41% de moins qu'en 2021.

A la lumière de ces résultats, le conseil d'administration proposera à l'assemblée générale du 21 mars le versement d'un dividende de 2,00 francs suisses par action au titre de l'exercice écoulé, contre 2,70 francs suisses un an plus tôt, signalant que le niveau de distribution se situe toujours "nettement au-dessus" d'avant la pandémie et correspond à un rendement du dividende de 5,3%.

Horizon bouché, retour "à Bellevue"

Pour l'exercice en cours, la direction de Bellevue Group s'attend à un environnement de marché toujours hautement volatil et ne voit pas de motif à une embellie du moral des investisseurs à court terme. L'entreprise reste convaincue du bien-fondé de son positionnement dans le secteur de la santé et le placement privé, mais ne s'avance pas sur le terrain des objectifs chiffrés.

En conférence de presse, André Rüegg a fait part de son intention d'étoffer sa présence sur les autres "marchés clés" que sont l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Outre-Rhin, l'intégration de StarCapital a été achevée avec le regroupement sur un seul site à Francfort.

En Suisse, Bellevue reviendra "à Bellevue". L'entreprise prévoit de transférer fin 2024 début 2025 son siège de Küsnacht dans le bâtiment Globus au centre-ville de Zurich.

La réaction du marché à la confirmation des chiffres pré-annoncés a été mitigée. Après une ouverture dans le rouge, l'action Bellevue Group est passée plusieurs fois du bon côté de la barre. A 13h35, elle reculait encore de 0,5% à 40,60 francs suisses, alors que le marché dans son ensemble (SPI) accusait un repli de 0,09%.

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