Adriano Agosti [Golden Peaks Capital] entend s’imposer chez Valora
Par La Rédaction
Hiver ou pas, crise financière ou non, la place financière de Zurich n’est pas figée par le froid. Non seulement Warren Buffett est entré au capital de Swiss Re, tout en nouant un partenariat plus large qui renoue avec le métier historique de son holding Berkshire Hathaway, l’assurance. Mais un autre investisseur activiste, l’italien Adriano Agosti, a bien l’intention de « réveiller » un distributeur helvétique, Valora. Et lui de promettre monts et merveilles s’il obtient un fauteuil à son conseil d’administration...
Pour mémoire, Valora AG a été fondé en 1905. Il s’agissait au départ d’un groupe de distribution indépendant et « multicartes » : il vend aussi bien des chocolats & cafés, gère des chaînes de restaurants, des kiosques à journaux, livres, tabacs et « snacks »... Depuis la Suisse, il a étendu sa présence en Allemagne, en Autriche, en Scandinavie...
L’ensemble est devenu plutôt cossu : en 2006, ses ventes étaient de 2,8 milliards de francs suisses (1,8 milliard d’euros à l’époque) – contre 3 milliards en 2002. Bref, un peu endormi, Valora.
Golden Peaks et la ronde des activistes
Adriano Agosti veut obtenir un siège au conseil d’administration, afin que ses 4% du capital lui permettent de peser sur la direction de l’entreprise. De toute façon, les statuts de Valora sont ainsi faits qu’un seul actionnaire ne peut exercer plus de 5% des droits de vote, alors autant s’associer.
Comme tout activiste qui se respecte, Agosti n’agit donc pas seul. Il s’est lié, selon le journal suisse Le Temps (24/01), avec les fonds Manor de Rolando Benedick et et et Jacbos de Markus Fiechter. A eux tous, ils veulent obtenir 3 ou 4 sièges. Sans compter la banque genevoise Pictet, réputée proche de Golden Peaks.
On sait par ailleurs qu’un autre baron, le discret Joseph Oughourlian et son Amber Fund, est également entré au capital de Valora début décembre. Basé aux Caymans, Amber Fund est présent sur tout une série de « midcaps » françaises, et avait fait parler de lui dans le dossier du « spin off » de Medidep et d’Orpea. Est-il lié avec Agosti ? En tout cas, la coïncidence est troublante...
Restructuration en vue
Interrogé par le Temps, Agosti répond : « nous savons que d'autres actionnaires sont favorables à des changements ». Pourquoi demander un siège au conseil ? « Cette revendication ne résulte pas du fait que je suis un des actionnaires importants de Valora, mais de mon profil », indique Agosti. « J’ai prouvé par le passé ma capacité à restructurer une entreprise », ajoute-t-il.
D’ailleurs, Agosti sait où il va. Voilà ce qu’il prévoit : « le conseil d'administration devra mener une analyse stratégique avant toute décision. Cela durera trois mois. Nous devrons analyser les activités de Valora, ses finances, la qualité du management et des collaborateurs, les possibilités d'économies et d'ajustement de l'assortiment », selon ses propos reproduits par le Temps.
Et il en profite pour « flinguer » la patron actuel de Valora : « chez Valora, le président se considérait comme le propriétaire de l'entreprise et refusait totalement de discuter avec nous. Cette arrogance n'est pas acceptable. Elle constitue une source potentielle de conflits. En Grande-Bretagne, un actionnaire qui détient 5% d'une entreprise peut obtenir immédiatement un rendez-vous avec le président du conseil d'administration ».
Pas de crise chez les activistes !
Le Temps lui demande aussi : « vous vous intéressez aux sociétés mal dirigées. Y en a-t-il beaucoup en Suisse ? ».
Et l’activiste répond : « il y en a toujours. Mais parfois, leur modèle d'affaires est si compliqué qu'il n'est pas toujours possible de les mener au succès, même en les gérant mieux. En Europe, une centaine d'entreprises présentent un profil attrayant ».