(Actualisé avec réaction américaine, précisions)

DONETSK, Ukraine, 19 juillet (Reuters) - Des hommes armés ont empêché vendredi une vingtaine d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) de travailler sur le site où s'est écrasé la veille le Boeing 777 de Malaysia Airlines, dans une zone de l'est de l'Ukraine tenue par les séparatistes prorusses.

Un porte-parole de l'OSCE a dénoncé "l'impolitesse" et "le manque de professionnalisme" de ces hommes armés, dont certains semblaient "légèrement ivres".

"Nous nous attendions à avoir un libre accès (au site), c'est comme cela que nous travaillons", a déclaré Michael Bociurkiw lors d'une conférence de presse à Donetsk.

"Malheureusement, notre tâche a été rendue très difficile. Lorsque nous sommes arrivés, nous avons rencontré des hommes armés qui se sont conduits de façon très impolie et nullement professionnelle. Certains semblaient légèrement ivres."

L'un de ces hommes armés a même tiré en l'air, apparemment pour écarter des civils, a-t-il dit.

Le président du conseil permanent de l'OSCE, le Suisse Thomas Greminger, a confirmé que les observateurs de l'organisation n'avaient pu établir un corridor de sécurité pour accéder au site.

"Ils n'ont pas eu les possibilités d'accès qu'ils attendaient. Ils n'ont pas la liberté de mouvement nécessaire pour faire leur travail. Le site n'est pas bouclé", a-t-il dit par téléphone à Reuters.

LES ETATS-UNIS TRÈS INQUIETS

Le diplomate a précisé que l'équipe des observateurs était restée sur place 75 minutes et avait finalement décidé de retourner à Donetsk. Elle tentera samedi de revenir sur les lieux où l'appareil, atteint par un missile, s'est écrasé.

Les Etats-Unis se sont dits "très inquiets" du traitement réservé aux observateurs de l'OSCE.

"Ceux qui disent vouloir participer à cette enquête et la souhaiter doivent donner un accès sans entraves et ce n'est évidemment pas ce à quoi nous avons assisté quand ces gens ont passé 75 minutes là-bas", a déploré Jen Psaki, porte-parole du département d'Etat, lors d'un point de presse.

Washington tient à ce qu'une enquête internationale crédible soit menée, a-t-elle souligné, ajoutant que Kiev avait donné son feu vert à l'envoi d'un membre au moins de l'agence nationale de la sécurité des transports (National Transportation Safety Board, NTSB) et du FBI.

"Nous n'avons malheureusement pas pu faire grand chose aujourd'hui en raison du comportement des individus armés et des difficultés d'accès", a regretté Michael Bociurkiw.

Les observateurs n'ont pu trouver personne en mesure de les renseigner sur les boîtes noires de l'appareil, dont l'une aurait été retrouvée par les séparatistes.

"Le site du crash est très étendu et il pourrait dépendre de plusieurs groupes", a-t-il souligné. Les corps, dont certains présentent déjà des signes de décomposition, n'ont pas été déplacés, mais les biens retrouvés ont été empilés comme pour une "exposition", a-t-il ajouté. (Anton Zverev avec Georgina Prodhan; Guy Kerivel et Jean-Philippe Lefief pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : The Boeing Company, Malaysian Airline System Berhad