LONDRES (Reuters) - Patrick Drahi envisage d'augmenter sa participation dans BT afin de renforcer son influence au sein de l'opérateur télécoms britannique, en faisant le pari que le déploiement de son réseau de fibre optique créera de la valeur, ont dit trois sources proches du dossier à Reuters.

Depuis que l'homme d'affaires, fondateur d'Altice, a acquis une participation de 12,1% au capital de BT pour une valeur d'environ 2,2 milliards de livres (2,58 milliards d'euros) le 10 juin, l'action de l'opérateur historique en Grande-Bretagne a perdu 15%. Elle a chuté de 46% au cours des cinq dernières années.

Via son véhicule Altice UK, l'entrepreneur franco-israélien est le premier actionnaire de BT devant Deutsche Telekom, qui possède 12,06%.

L'opérateur allemand a dit à plusieurs reprises qu'il était prêt à réfléchir à cette participation et son président du directoire Tim Höttges a déclaré vendredi maintenir "toutes les options ouvertes" sur le sujet.

Les trois sources ont déclaré qu'un investissement supplémentaire de Patrick Drahi impliquerait probablement Deutsche Telekom.

Altice, BT et Deutsche Telekom ont refusé de s'exprimer sur le sujet.

Patrick Drahi appuie le projet de BT de déployer un réseau de fibre desservant 25 millions de foyers d'ici fin 2026.

Il sera libre d'accroître sa participation à partir du 11 décembre après s'être engagé en juin à ne pas lancer d'offre sur l'opérateur, la réglementation britannique lui interdisant dès lors d'agir pendant six mois.

D'après les sources, une augmentation de la participation de Patrick Drahi dans BT pourrait se faire parallèlement à une éventuelle sortie d'Altice du Portugal.

L'homme d'affaires a mandaté Lazard cette année pour représenter Altice Europe dans l'examen de ses options pour son activité au Portugal, où il contrôle le fournisseur fixe et mobile MEO, ont dit différentes sources à Reuters précédemment.

Des fonds de capital investissement et des investisseurs spécialisés dans les infrastructures, dont EQT et CVC Capital Partners, ont manifesté leur intérêt mais le prix demandé semble être un obstacle majeur, selon les sources.

Un représentant d'Altice a dit que l'activité au Portugal n'était pas à vendre. EQT a refusé de s'exprimer et aucun représentant de CVC n'était disponible dans l'immédiat.

Les trois sources proches du dossier ont dit que des acteurs industriels, notamment les espagnols Telefonica et MasMovil, jugeaient l'actif portugais d'Altice trop cher et ne soumettraient pas d'offre.

Patrick Drahi réclame environ 7 milliards d'euros pour cette activité, ainsi valorisée environ huit fois son bénéfice d'exploitation annuel. Les acquéreurs éventuels ont jusqu'à Noël pour décider de soumettre une offre ferme ou de se retirer, ont dit les sources.

Telefonica et MasMovil ont refusé de s'exprimer.

(Reportage Pamela Barbaglia à Londres et Sergio Goncalves à Lisbonne, avec Gwénaëlle Barzic à Paris, Paul Sandle à Londres, Christoph Steitz à Francfort et Clara-Laeila Laudette à Madrid, version française Bertrand Boucey)

par Pamela Barbaglia et Sergio Goncalves