par Andrew MacAskill

LONDRES, 15 janvier (Reuters) - Le gouvernement britannique s'est retrouvé lundi sous le feu des critiques après la mise en liquidation de Carillion, les partis d'opposition le sommant d'expliquer pourquoi il avait continué à attribuer des contrats au groupe de BTP alors même que ses difficultés financières étaient connues.

La faillite de Carillion, privé du soutien financier de ses créanciers, menace la pérennité de centaines de projets d'infrastructures et elle a contraint le gouvernement à s'engager à garantir la continuité de services publics essentiels.

Les partis d'opposition travailliste et libéral-démocrate ont réclamé une enquête sur les décisions du gouvernement à l'égard de Carillion, auquel, selon les estimations du cabinet spécialisé Tussell, ont été attribués pour 1,3 milliard de livres (1,46 milliard d'euros) de contrats après son premier avertissement sur résultats en juillet.

Le porte-parole travailliste Jon Trickett s'est interrogé sur les raisons qui ont amené le gouvernement à agir ainsi alors que Carillion était rangé dans la catégorie à "haut risque" après son "profit warning".

"Pourquoi était-il évident pour tout le monde excepté le gouvernement que Carillion connaissait des problèmes?", a-t-il demandé lors d'un débat au Parlement.

Le chef de file des libéraux-démocrates, Vince Cable, a exigé une enquête publique pour examiner ce qu'il a qualifié de "décisions très contestables prises ces derniers mois".

Jeremy Corbyn, son homologue au Parti travailliste, a jugé qu'il n'aurait de toute façon jamais fallu attribuer ces chantiers au secteur privé.

Il a qualifié la faillite de Carillion de "moment charnière" et déclaré qu'il était temps de "mettre fin à l'arnaque des politiques de privatisation qui ont infligé de graves dégâts à nos services publics et plumé la population de milliards de livres".

Le ministre David Lidington a défendu la gestion du dossier par le gouvernement.

Ce dernier surveille attentivement la situation de Carillion depuis son premier avertissement sur résultats et, dans la plupart des cas, le groupe de BTP n'a été choisi que dans le cadre de consortiums afin que ses partenaires puissent s'y substituer en cas de problème, a-t-il dit.

Ignorer Carillion dans les appels d'offres aurait en outre fait courir le risque d'un effondrement accéléré du groupe de BTP, ont dit des représentants du gouvernement devant une commission parlementaire. (Avec Elizabeth Piper; Bertrand Boucey pour le service français)