David Etien, comment évolue la demande du marché et la production sur la gamme "Bali", qui a fait le succès du Groupe ?

"La gamme Bali reste un concept unique et innovant qui, en moins de 10 ans, aura permis à notre Groupe de rejoindre le trio mondial des fabricants de catamarans à voile. Sur un marché mondial d’environ 1500 unités, plus de 1000 sortent d’usines détenues par des groupes français, dont 300 de nos trois usines. Le dispositif industriel du pôle voile du groupe permet une spécialisation par taille de bateaux : les grandes unités sont réalisées à Canet-en-Roussillon (environ 40% du CA), les moyennes sur notre site sous-traitant de Marans (environ 30% du CA) et les petites unités sont produites en Tunisie via notre filiale à 50%. Nous sommes très satisfaits de la complémentarité de ces trois implantations et de leur flexibilité puisqu’elles permettraient aussi bien de doubler la production en l’espace de quelques années que de la réduire fortement puisque 30% de la main d’œuvre est constituée d’intérimaires ou équivalents."

Quelle est votre visibilité sur le carnet de commandes aujourd’hui ?

"Nous ne communiquons plus aussi précisément et régulièrement sur notre carnet de commandes que nous le faisions ces dernières années. Je rappelle que l’arrivée brutale de la crise sanitaire COVID-19 en mars 2020, avec ses confinements et restrictions associées, a violemment touché le secteur sur l’exercice 2019/2020, avant que s’ouvre une période de reprise euphorique entre la fin 2020 et la fin 2022. Cette période, grâce à un renouvellement et une extension de la gamme Bali, nous a permis de conquérir des parts de marché conséquentes et précieuses pour l’avenir. Notre carnet de commandes s’est étoffé jusqu’à plus de 500 M€, soit plus de deux années de chiffres d’affaires. Aujourd’hui, après une année de rattrapage de la production et de retombée de l’euphorie, notre carnet de commandes s’élève à un peu plus d’une année de production, ce qui nous offre à la fois une visibilité suffisante et nous redonne les conditions nécessaires à un meilleur pilotage de la performance qu’en 2022/2023."

Le marché du catamaran à voile n’est-il pas entré dans une phase de maturité ?

"En croissance à deux chiffres depuis les années 2000, grâce à un meilleur confort et une meilleure sécurité que ce qu’offrent les monocoques, le niveau de chiffre d'affaires réalisé dans le segment des catamarans à voile dépasse probablement maintenant celui des monocoques. L’euphorie post-Covid passée, même si nous sentons que le marché est plus attentiste compte tenu du nouveau contexte de taux d’intérêt et la hausse des prix de près de 30% en trois ans, les marques d’intérêt restent fortes pour ce qui s’apparente à un habitat flottant. Par ailleurs, la clientèle de loueurs doit renouveler sa flotte régulièrement. Quoiqu’il en soit, notre Groupe, qui continue d’élargir sa gamme et de gagner des parts de marché, devrait enregistrer une huitième année consécutive de croissance, de l’ordre de 10% en 2023/2024."

Sur 5 ans, Catana se démarque nettement par son parcours boursier dans le monde de la plaisance

Quel est le potentiel de croissance de votre gamme naissante dans le motonautisme ?

"Il est énorme, tout simplement parce que 9 bateaux sur 10 dans le monde sont des bateaux à moteur. Cela étant, seule l’innovation permettra à "YOT", notre nouvelle marque, de se faire une place sur ce marché concurrentiel. En commençant un premier modèle de hors-bord, le YOT 36, présenté à Cannes en septembre. Il sera suivi très rapidement de deux autres modèles hors-bord puis du développement d’une gamme in-board en 2025/26. Cette première étape du plan de déploiement de la marque en Europe s’est très bien passée pour ce bateau de 11 mètres qui concentre tous les ingrédients nécessaires pour le plaisir à bord : performance, stabilité, sécurité et volume supérieur comparé à un monocoque de même taille. Son lancement commercial aux USA, de loin le plus gros marché du monde, est envisagé pour 2024/2025 le temps d’asseoir sa notoriété et de constituer un réseau de distribution spécifique. Si le succès commercial de notre nouveau pôle motonautique est au rendez-vous, celui de la montée en charge de notre outil dédié au Portugal devrait suivre puisque notre nouveau site de production portugais, acquis dans cette seule perspective, offre une capacité foncière de 65 000 m2. Au cours de la prochaine décennie, si YOT connaît le succès fulgurant qu’a connu BALI depuis 2014, nous pourrions réaliser autant de chiffres d’affaires sur le moteur que sur la voile, avec des marges comparables."

La question d’un meilleur alignement des intérêts des actionnaires minoritaires via un contrôle à 100% des usines françaises, portugaises et Tunisiennes reste posée. Que pouvez-vous nous dire sur ce point ?

"Cette situation, qui trouve son origine dans l’histoire quelque peu chaotique du groupe post 2008, a vocation à évoluer vers un alignement plus cohérent des périmètres juridiques et économiques de ces trois usines. La réalisation de ce chantier n’est pas évidente, ne serait-ce que compte tenu des montants en jeu. La maladie et le départ d’Olivier Poncin et les problématiques de production que nous avons connu depuis deux ans, ne nous ont pas permis de faire aboutir la réflexion. Si elle devait aboutir dans les prochaines années, la décision serait de toutes les façons soumise à l’approbation des actionnaire réunis en Assemblée Générale."

YOT 36 Catana

Le nouveau YOT 36, premier hors-bord de la gamme motonautique de Catana Group

L’auteur de cet article est actionnaire de la société à titre personnel