Lanterne rouge de l'indice suisse SMI ce matin, l'action Richemont recule de 2% à 60,3 francs suisses. En effet, non seulement les résultats annuels 2015/2016 que le géant du luxe vient de publier ont manqué les attentes des investisseurs, mais l'exercice 2016/2017 débute par un fort recul de l'activité - que la direction indique cependant avoir anticipé.

En effet, le groupe de “hard luxury” (joaillerie et montres) suisse, dont Cartier et Van Cleef & Arpels sont des marques emblématiques, a enregistré au terme de son exercice 2015/2016 (soit à fin mars) un CA de 11,1 milliards d'euros, en hausse de 6% en données publiées, mais en baisse de 1% hors changes. Hors devises, la hausse enregistrée au premier semestre a fait place à une baisse durant la seconde moitié de l'exercice.

'Nos craintes sur les risques géopolitiques et leurs conséquences sur le comportement de nos clients se sont avérées : la contribution de l'Europe est devenue négative à partir du mois de novembre, tandis que l'environnement opérationnel à Hong Kong et Macao demeurait difficile. Seule la Chine continentale est en croissance soutenue', commente la direction.

Le résultat d'exploitation recule sensiblement de 23% à 2,06 milliards d'euros, faisant chuter la marge de 25,6 à 18,6%. Et ce alors qu'une plus-value immobilière de 234 millions d'euros avait été enregistrée en 2014/2015 et que le groupe a commencé à mettre en place des mesures d'économies qui ont entraîné, sur l'exercice 2015/2016, des charges pour restructurations de 97 millions.

Toutefois, en raison d'une plus-value comptable (sans incidence sur la trésorerie) de 639 millions liée à la fusion de la filiale Net-a-porter et Yoox, et de pertes sur changes de près de 700 millions un an plus tôt, le bénéfice net décolle de 67% à 2,2 milliards (3,93 euros par action).

Le cash flow opérationnel demeure quasi-stable à 2,4 milliards, de même que la trésorerie nette, à 5,3 milliards.

Le dividende 2015/2016 proposé à la prochaine AG sera relevé de 1,60 à 1,70 franc suisse (+ 6,2%).

Mais ce sont les perspectives qui inquiètent le plus : Richemont indique qu'en avril, soit le premier mois de l'exercice 2016/2017, son CA a chuté de 18% en données publiées, 'toutes les régions (étant) en recul', ainsi que de 15% à changes constants. 'A taux de change constants, seule la zone Afrique et Moyen Orient est en progrès', commente le groupe. 'En l'absence de toute reprise à Hong Kong et Macao, la faiblesse de la zone Asie Pacifique est partiellement compensée par l'amélioration continue de la Chine continentale, en hausse de 26% à taux de change constants', indique encore Richemont.

Le groupe estime aussi que la base de comparaison sera défavorable 'jusqu'en septembre' et n'attend, 'à court terme, (...) aucune amélioration de l'environnement opérationnel'. De ce fait, Richemont va continuer de gérer ses coûts avec rigueur et de veiller à la génération de trésorerie.

Chez Aurel BGC, on déduit du CA annuel que les tendances du dernier trimestre n'ont donné aucun signe d'amélioration (- 6% à changes constants, selon leurs calculs). De plus, le résultat opérationnel était attendu nettement plus haut, vers 2,3 milliards d'euros. En effet, la marge des maisons horlogères 's'effondre de dix points de pourcentage pour atteindre 8% du CA seulement', quand celle des maisons de joaillerie perd 6,1 points de pourcentage, 'sans aucun doute affectée par la faiblesse de la performance des montres Cartier.'

De plus, le mois d'avril traduit 'un très net décrochage' des ventes, même si la direction déclare que ce mouvement était attendu. 'La situation de Richemont va rester très difficile tant que le déstockage dans les montres se poursuivra”, estiment enfin les spécialistes, qui n'excluent pas que ce mouvement dure jusqu'à la fin de l'année 2016.


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