Zurich (awp) - Credit Suisse reste attaché au franc. Le numéro deux bancaire helvétique ne va finalement pas adopter le dollar pour sa comptabilité, comme il l'avait envisagé en début d'année.

Il est important pour l'une des principales banques suisses de continuer à publier ses résultats dans la monnaie locale, a déclaré mercredi le directeur financier David Mathers lors d'une conférence téléphonique. Le responsable a rappelé que la division banque universelle suisse demeure la principale source de profits du groupe.

Par cette décision, le géant bancaire se démarque de son concurrent UBS, qui a passé sa comptabilité en dollars l'année dernière. Le conseil d'administration de Credit Suisse est arrivé à la conclusion qu'il est préférable de s'aligner, dans la mesure du possible, sur la devise du pays dans lequel les risques sont générés, affirme la grande banque dans un communiqué.

Suivant cette logique, le groupe zurichois a néanmoins décidé de comptabiliser ses actifs pondérés au risque ("risk-weighted assets" ou RWA) en dollars. Les RWA permettent de déterminer le niveau minimal de fonds propres nécessaires à la couverture des risques.

Ce changement - qui a reçu l'aval du gendarme financier Finma - sera introduit au quatrième trimestre de cette année. Il permettra d'améliorer les fonds propres de première catégorie du groupe et augmentera les revenus issus des opérations d'intérêts de l'ordre de 250 millions de dollars (presque autant en francs suisses). La contribution sera "substantielle" lors du dernier partiel 2019, selon M. Mathers.

Oublier l'affaire Khan

Partant, Credit Suisse table sur une hausse de 50 points de base du rendement des fonds propres (RoTE), un indicateur de rentabilité. Cette évolution permettra d'atteindre l'objectif de RoTE de 10-11% pour l'année en cours, a assuré le directeur financier. D'ici 2020, l'indicateur devrait se situer dans la fourchette 11-12%, puis à "plus que 12%". A fin juin, il était de 10%, contre 8% trois mois auparavant.

Après plus d'une semaine de mauvaise presse en raison de l'affaire Iqbal Khan, Credit Suisse revient avec des nouvelles positives, constate Andreas Venditti, de Vontobel. L'analyste fait référence à la filature de l'ex-employé vedette de la grande banque qui a suscité une controverse et causé le départ d'un fidèle lieutenant de Tidjane Thiam, le directeur des opérations Pierre-Olivier Bouée.

Suite à la publication mardi de l'enquête indépendante sur cette affaire diligentée par Credit Suisse, le géant zurichois voulait remettre le plus rapidement possible les enjeux financiers au centre de l'actualité, affirme pour sa part la Banque cantonale de Zurich. L'analyste Javier Lodeiro dit comprendre la démarche. Il estime que les 250 millions annoncés sont certainement les bienvenus.

Andreas Venditti parle d'un modeste changement "technique" qui peut néanmoins avoir des conséquences significatives sur les résultats de la grande banque.

A l'instar des autres titres du SMI, Credit Suisse a terminé la journée en nette baisse de 2,2% à 11,63 francs suisses, alors que l'indice vedette a abandonné 1,96%.

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