Londres (awp/afp) - La société britannique Greensill, spécialisée dans les prêts et au modèle controversé, risque la faillite en raison de doutes sur la valeur de ses actifs, avec le risque en cas d'effondrement de mettre en difficultés de nombreuses entreprises.

Signe de la gravité de la situation, le Financial Times révélait mardi que le régulateur financier allemand, la Bafin, avait décidé de gérer les opérations quotidiennes de Greensill Bank, la filiale allemande.

Greensill, fondée en 2011 et dont le siège est à Londres, possède des activités en outre aux Etats-Unis et en Australie où la maison mère est enregistrée et d'où est originaire son fondateur Lex Greensill.

La société compte notamment comme conseiller l'ancien Premier ministre conservateur David Cameron.

Elle travaille pour plus de 10 millions de clients dans 175 pays, et a accordé 143 milliards de dollars de financement en 2020.

Greensill n'est pas une banque à proprement parler, mais une société financière spécialisée dans la gestion de la trésorerie des entreprises.

Concrètement, elle leur prête de l'argent pour aider à payer les factures: une forme d'affacturage.

Dans les faits, Greensill va payer pour le compte d'un client un fournisseur, lequel peut recevoir son paiement très vite en échange d'un léger rabais sur le facture.

Greensill se tournera plus tard vers l'entreprise accompagnée pour récupérer le montant total de la facture.

La crise a éclaté en début de semaine quand Credit Suisse a suspendu 10 milliards de dollars de fonds liés à Greensill, évoquant des "incertitudes considérables" sur la valorisation des actifs.

Dans la foulée, le gérant d'actifs GAM a également coupé les ponts avec Greensill mardi.

Le Financial Times indique que Greensill est en discussions avec la société d'investissement américaine Apollo pour un plan de sauvetage comprenant la vente d'actifs. Greensill cherche par ailleurs à se mettre en dépôt de bilan en Australie.

Un de ses actionnaires, le japonais SoftBank a même revu drastiquement à la baisse la valeur de son investissement de 1,5 milliard de dollars, selon la presse britannique.

Sky News révélait quant à elle que Greensill avait perdu son agrément au Royaume-Uni pour fournir des prêts garantis par l'Etat dans le cadre de mesures d'aide face à la pandémie.

Parmi les grands clients de Greensill figure le magnat de l'acier Sanjeev Gupta qui a bâti son empire à coup d'acquisitions notamment au Royaume-Uni.

afp/jh