Zurich (awp) - Plus nombreux que l'exercice précédent, les membres de la direction de Credit Suisse ont vu leur rétribution totale reculer en 2022. Comme précédemment annoncé, la rémunération variable pour l'année passée a été supprimée suite aux déboires financiers du numéro deux bancaire helvétique. Une "prime de transformation" doit être introduite.

"La performance de notre groupe dans ce contexte difficile a été inacceptable", a estimé Christian Gellerstad, le président du comité de rémunération. Le numéro deux bancaire helvétique a enregistré une perte nette de 7,29 milliards de francs suisses en 2022, le plus lourd débours depuis la crise financière de 2008, et après avoir déjà inscrit un résultat net négatif de 1,65 milliard en 2021.

Les 18 membres de la direction de Credit Suisse ont perçu dans l'ensemble 32,2 millions de francs suisses de rémunération pour 2022, alors que les 15 dirigeants avaient obtenu 38,1 millions en 2021, selon le rapport annuel publié mardi.

Alors que les bonus avaient représenté 8,6 millions de francs suisses, ou 23% du total de la rémunération de la direction en 2021, ils ont été réduits à zéro l'an passé suite à la perte abyssale et à l'hémorragie de capitaux subies par la banque en difficultés.

Le directeur général Ulrich Körner, qui avait pris les commandes début août dernier, a obtenu 2,5 millions en 2022, alors que son prédécesseur Thomas Gottstein avait empoché 3,8 millions en 2021.

Le conseil d'administration a pour sa part reçu 10,4 millions de francs suisses en 2022 (-11%), dont 3,2 millions pour le président Axel Lehmann, qui avait été formellement élu à la tête du conseil d'administration fin avril 2022. Ce dernier a renoncé à sa prime de président de 1,5 million "en raison de la faiblesse des résultats en 2022".

Son malheureux prédécesseur, le Portugais António Horta-Osório, avait reçu 3,5 millions en 2021. Ce dernier avait démissionné en janvier 2022, neuf mois à peine après sa prise de fonction, suite à des manquements répétés en matière de respect des règles de quarantaine, en Suisse et au Royaume-Uni. La présidence avait été assurée temporairement par M. Lehmann.

CS First Boston pas oublié

Les actionnaires devront voter sur la rémunération de la direction et du conseil d'administration lors de l'assemblée générale du 4 avril. Ils devront aussi donner leur feu vert au montant total maximal de la rémunération fixe du directoire, soit de 34 millions, pour la période allant de l'assemblée générale de 2023 à celle de 2024. Un total de 13 millions sur la même période a été fixé pour le conseil d'administration, dont 3,8 millions pour le président.

Le groupe proposera par ailleurs une "prime de transformation unique différée", qui sera "liée à la mise en oeuvre réussie des objectifs stratégiques" de la banque. Ce bonus doit être attribué cette année et sera soumis à des conditions de performance jusqu'à fin 2025. Pour 500 employés - cadres dirigeants ou identifiés comme "talents" représentant environ 1% du total des salariés - quelque 230,3 millions ou un maximum de 350 millions ont été réservés et seront versés à parts égales en numéraire et en actions.

Pour la direction, cette prime payée en actions s'élève à 30,1 millions, mais pourra aller jusqu'à 70 millions "si toutes les conditions de performance sont remplies".

Quant à la direction de Credit Suisse First Boston, entité américaine en voie d'autonomisation, elle recevra un bonus en actions à utiliser dans le cadre de l'entrée en Bourse de l'unité.

A la clôture, le titre a terminé en baisse de 0,75% à 2,24 francs suisses dans un SMI en hausse de 0,8%.

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