Londres (awp/sda/reu) - Credit Suisse n'a pas suffisamment veillé à l'efficacité de la couverture d'assurance d'un fonds exploité conjointement avec la société financière Greensill Capital. La banque aux deux voiles n'aurait pas réussi à obtenir directement de Tokio Marine la confirmation que la police de l'assureur japonais était valide et que les titres de dette inclus dans les fonds étaient également couverts par l'assurance.

C'est ce qu'affirment deux sources proches du dossier citées jeudi par l'agence Reuters, indiquant que le numéro deux bancaire helvétique s'était fié à des polices du courtier Marsh & McLennan actualisées dans des courriels.

Début mars, Credit Suisse avait lancé la liquidation de quatre fonds pour un volume avoisinant dix milliards de dollars, suite à la décision de Tokio Marine de refuser à Greensill Capital le renouvellement de la couverture des titres de dette détenus dans ces fonds. Les investisseurs risquent maintenant d'essuyer des pertes, alors que Greensill a déposé son bilan.

Les titres achetés par Credit Suisse étaient émis par Greensill et garantis par des prêts accordés par la société anglo-australienne à des entreprises. Pour limiter son exposition, cette dernière avait souscrit une assurance. Dans ses documents promotionnels, la grande banque assurait aux clients que ces titres étaient à faible risque.

Sollicité par Reuters, Credit Suisse n'a pas souhaité fournir de détails, pas plus que Tokio Marine, Marsh & McLennan et Greensill concernant la couverture d'assurance.

Selon trois experts interrogés par Reuters, Tokio Marine et Marsh & McLennan n'étaient pas obligés d'informer Credit Suisse, dans la mesure où le fonds était bénéficiaire, mais pas titulaire de la police. Au vu de l'importance cruciale de la couverture d'assurance pour la valeur des obligations Greensill, la banque a failli à son devoir de diligence en omettant d'effectuer ses propres contrôles.

"Apparemment, ils n'ont pas mené d'audit approfondi", a dit Scott Levy, du spécialiste du marché obligataire Bedford Row Capital. Selon lui, la banque aurait immédiatement identifié le problème si elle avait fait son travail correctement.

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