Zurich (awp) - La grande banque Credit Suisse dévoile jeudi 4 novembre ses résultats au troisième trimestre 2021. Cinq analystes ont contribué à l'élaboration du consensus AWP:

T3 2021E
(en mio CHF)         cons. AWP     T2 21A   T3 20A

produit d'exploitation  5123         5103     5198
charges d'exploitation  4153         4315     4301
bénéfice av. impôts      831          813      803

FOCUS: les chiffres au troisième trimestre vont passer au second plan, la présentation des nouveaux objectifs et d'une mise à jour de la stratégie constituant le plat de résistance de la journée de jeudi pour le numéro deux bancaire helvétique.

Le groupe a annoncé lundi la tenue d'une journée des investisseurs parallèlement à la publication de la performance entre juillet et septembre. Le nouveau président António Horta-Osório avait promis une nouvelle feuille de route juste après son élection en avril, en pleine tourmente liée aux affaires Greensill et Archegos.

Les rumeurs vont bon train quant aux nouvelles orientations stratégiques. Certains observateurs tablent sur un regroupement de l'activité de gestion de fortune sous une seule et même division. Actuellement, ces affaires sont réparties entre l'entité International Wealth Management (IWM), l'homologue asiatique Apac mais également la banque universelle suisse (SUB).

En plus des candidats internes, Francesco De Ferrari, ex-responsable de la gestion de fortune en Asie, est pressenti pour prendre la tête de cette nouvelle "super-unité", selon le portail Finews.

Affecté par l'affaire Greensill, du nom de la société britannique d'affacturage en faillite, la division de gestion d'actifs sera également au centre de l'attention. La taille critique lui faisant défaut, celle-ci pourrait être purement et simplement vendue, murmure-t-on dans les coulisses.

Credit Suisse pourrait également prendre des mesures visant la banque d'affaires, empêtrée dans le scandale Archegos, un fonds spéculatif américain dont la débâcle a coûté plus de 5 milliards de dollars à la grande banque sur le premier semestre. Principale responsable de ce fiasco, l'unité Prime Brokerage serait dans la ligne de mire.

CHIFFRES: une nouvelle fois, les frais extraordinaires vont peser sur la performance trimestrielle de Credit Suisse. En plus d'éventuels correctifs de valeur liés à Archegos ou Greensill, l'affaire dite des "Tuna Bonds", en référence aux prêts consentis par Credit Suisse devant financer le développement de la pêche au thon, va affecter le résultat à hauteur de 230 millions de dollars.

La collecte d'argent constituera un autre point d'intérêt, le numéro deux bancaire helvétique ayant subi au deuxième trimestre des sorties nettes d'argent, causées par des reflux dans la région stratégique Asie-Pacifique, mais également auprès de riches clients privés en Suisse.

POUR MÉMOIRE:

MOZAMBIQUE: Credit Suisse devra payer près de 475 millions de dollars aux autorités américaines et britanniques pour solder des poursuites liées à des levées de fonds organisées par la banque au nom d'entreprises d'État au Mozambique, au coeur d'une vaste affaire de corruption. Les transactions en question ont été utilisées pour verser des pots-de-vin, à d'ex-banquiers de Credit Suisse et à des fonctionnaires, alors même qu'elles étaient présentées aux investisseurs comme un moyen de financer le développement de la pêche au thon au Mozambique, selon le gendarme financier américain SEC.

GREENSILL: début mars, Credit Suisse annonçait la liquidation des quatre fonds "Supply Chain Finance Funds", échafaudés par la société d'affacturage Greensill, désormais en faillite. L'argent a été investi pour rembourser notamment des créanciers d'aciéristes, des processus qui se sont révélés pour certains entachés de fraude. Sur les 10 milliards de dollars placés sur ces véhicules de placement, 6,3 milliards ont été remboursés jusqu'ici. En comptant les liquidités encore sur les fonds, la banque affirme avoir récupéré 7 milliards.

ARCHEGOS: la déconfiture du fonds spéculatif américain intervenue en mars a coûté jusqu'ici quelque 5 milliards de dollars au numéro deux bancaire helvétique, 4,4 milliards au premier trimestre et 600 millions supplémentaires au deuxième. L'enquête menée sur cette affaire par un cabinet d'avocat a mis en lumière des manquements en matière de gestion des risques chez Credit Suisse, sans toutefois identifier des actes illicites. D'autres grands noms bancaires comme Morgan Stanley, Deutsche Bank ou UBS ont également perdu des plumes dans l'aventure.

FILATURES: les cas de surveillance dont ont été victimes plusieurs cadres, dont le gérant vedette Iqbal Kahn passé depuis chez UBS, est revenue sur le devant de la scène au mois d'octobre. L'autorité de surveillance des marchés Finma a sévèrement rabroué Credit Suisse dans cette affaire, affirmant que la banque a commis de graves violations du droit de surveillance. Le gendarme financier a prononcé des mesures à l'encontre de la banque, formulé un blâme à l'encontre de deux personnes et ouvert une procédure "d'enforcement" contre trois autres personnes.

COURS DE L'ACTION: accusant un tassement de près de 12% depuis le début de l'année, l'action Credit Suisse figure parmi les titres les moins bien lotis de l'indice SMI. L'action a atteint un pic annuel de 13,50 francs suisses en février, avant de plonger à moins de 10 francs suisses après la révélation des affaires Greensill et Archegos. Mardi après-midi, le cours parvenait à peine à se maintenir au-dessus de cette barre psychologique.

site web: www.credit-suisse.com

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