Paris (awp/afp) - Le groupe agroalimentaire Danone, qui a vu son chiffre d'affaires décliner de 9,3% au troisième trimestre, va revoir son organisation et réviser son portefeuille d'actifs afin de renouer avec la croissance, a-t-il annoncé lundi.

"Nous avons besoin de changer notre manière de jouer le jeu" dans un monde bouleversé par la pandémie de Covid-19, a déclaré son PDG Emmanuel Faber lundi matin, lors d'une conférence téléphonique à destination des analystes et des investisseurs.

Dans un communiqué, Danone indique avoir lancé une "révision stratégique complète du portefeuille de marques, de références et d'actifs" dans l'optique de "revenir à un objectif moyen terme de croissance rentable entre +3% et +5%".

Le groupe, qui s'est désengagé début octobre du spécialiste japonais des probiotiques Yakult Honsha pour environ 470 millions d'euros, fait d'ores et déjà une "revue immédiate des options stratégiques en Argentine et pour la marque Vega, dont les ventes combinées représentent environ 500 millions d'euros".

Cette annonce intervient à l'occasion de la publication de résultats en baisse de 9,3% au 3e trimestre sur un an, à 5,8 milliards d'euros. Sur neuf mois, la baisse est de 5,4% à 18 milliards d'euros.

Les ventes d'eau en bouteille souffrent particulièrement de la crise du coronavirus (-19,3%), avec son cortège de restaurants et bars fermés.

Cette publication avait été avancée d'une journée après que le magazine Challenges eut évoqué vendredi "une crise de gouvernance" au sommet du groupe et le départ prochain de la directrice générale finances Cécile Cabanis.

"Economies significatives" attendues

Entrée chez Danone il y a 16 ans et directrice générale depuis 2015, Mme Cabanis a elle-même confirmé qu'elle quittait le groupe lundi matin. Elle a expliqué qu'il était "temps (pour elle) d'entrer dans un nouveau cycle", au moment où Danone ouvre un "nouveau chapitre", avec une "nouvelle organisation" et une "nouvelle équipe".

Cécile Cabanis quittera Danone "en février 2021 après la finalisation et le lancement de la mise en oeuvre du plan d'adaptation de l'entreprise, et après avoir assuré la transition avec Juergen Esser", son successeur, est-il détaillé dans le communiqué.

Ce "plan d'adaptation" se traduit par un large remaniement. M. Faber a présenté le nouvel organigramme du Comité exécutif, effectif dès novembre. Afin de gagner en "agilité", il consacre la fin d'une organisation qui faisait ressortir trois grands métiers (Produits laitiers et d'origine végétale, Nutrition spécialisée, Eaux).

A la place, trois nouvelles directions générales sont créées: Danone International - qui inclut l'Europe et la France, et représente environ 80% du chiffre d'affaires - Danone Amérique du Nord et une division baptisée "End-to-End Design to Delivery", qui intègre notamment la R&D, les achats et la qualité.

Véronique Penchienati-Bosetta (jusque-là directrice générale du pôle Nutrition spécialisée) prend la tête de Danone International. Shane Grant conserve la direction de l'Amérique du Nord. Henri Bruxelles (jusque-là directeur général de la division Eaux) est nommé à la division "End-to-End", présentée comme une "nouvelle fonction stratégique regroupant de manière intégrée les compétences locales et globales en recherche et innovation, cycles et achats, opérations (production et chaîne de distribution) et qualité".

De son côté, Francisco Camacho, qui dirigeait jusqu'à début septembre le pôle Produits laitiers et d'origine végétale, a quitté le groupe "pour explorer de nouveaux horizons", selon les termes de Danone.

Cette réorganisation doit permettre de générer des "économies significatives", a déclaré M. Faber aux analystes.

Interrogée lors d'un point presse téléphonique sur d'éventuelles suppressions d'emploi, Mme Cabanis a simplement indiqué qu'il y aurait "des gains de productivité".

Le groupe, qui avait abaissé puis suspendu ses objectifs en raison de la crise liée au Covid-19, dit désormais viser pour l'année en cours une marge opérationnelle courante de 14%.

A la Bourse de Paris, le titre prenait 1,39% à 54,04 euros vers 10H00 (8H00 GMT) avant une interruption des échanges qui n'était toujours pas rétabli près de deux heures plus tard.

afp/al