Deere & Company est le plus grand constructeur mondial d’engins pour les gros travaux. Le chiffre d’affaires est dominé par les machines d’agriculture de précision, comme les moissonneuses-batteuses et les pulvérisateurs d’engrais (46%), suivies des engins plus petit et pour l’entretien des espaces verts comme les tracteurs et les tondeuses de toutes sortes (28%). Enfin, l'offre est complétée par des appareils destinés aux secteurs de la construction et de la forêt, tels que des pelleteuses, des niveleuses et des abatteuses forestières (26%). La société s’adresse à des marchés qui représentent plus de 150 Mds$ de ventes annuelles. 

Vert et jaune, les engins de Deere ont la réputation de figurer parmi les meilleurs matériels sur le marché (source image : Deere & Company) 

Les ventes sont nettement dominées par les Etats-Unis (53%), le marché phare du groupe. Bien que l’Europe ne représente que 17% du total, l'entreprise y possède des parts de marché importantes, comme en témoigne son leadership en France sur les tracteurs, avec environ 20,5% de parts de marché. Enfin, l’exposition s’étend au reste du monde avec l’Amérique du Sud (14%), l’Asie, l’Afrique, l’Australie et la Nouvelle Zélande (9%) et enfin le Canada (7%). 

Compte tenu de cette diversité géographique, le groupe s’appuie sur un très grand réseau de distributeurs - plus de 2 000 rien qu’à travers les Etats-Unis et le Canada - lui garantissant des contrats qui sécurisent l’écoulement de la production avec une vision pluriannuelle. 

Évolution des ventes par région entre 2021 et 2022 (source : Deere & Company). 

Le marché dans lequel évolue Deere & Company s'est consolidé ces dernières années, poussant la société à chercher de nouvelles sources de croissance. L’acquisition de l’allemand Wirtgen en 2016 pour 5,2 Mds$ a par exemple permis de s’exposer aux équipements de construction routière. 

Bien que les finances de la société ont stagné entre 2013 et 2016, alternant entre cycles hauts et bas, elles ont accéléré significativement depuis les trois derniers exercices, notamment en ce qui concerne le chiffre d'affaires et les flux de trésorerie disponibles (free cash flow). L’exercice 2022 s’est soldé par des ventes à 47,9 Mds$, une marge nette record, proche de 15%, et une marge de free cash flow de 10,7%, certes inférieure aux deux exercices précédents, mais nettement supérieure à la période pré-Covid.

Cette capacité à générer du cash permet à l’entreprise de proposer un dividende qui a été multiplié par plus de 10 entre 2004 et 2023. 

Une partie du cash est aussi utilisée pour procéder à des rachats d’actions. Le groupe a ainsi réduit son nombre de titres de 382,8 millions en 2013 à 296,3 millions. Cet élément explique en partie la progression du cours de bourse qui a été multiplié par plus de 5 en 10 ans. 

La société se paye aujourd’hui 13,6 fois ses profits 2023, ce qui est inférieur à la moyenne des dix dernières années, de 16,7 fois. Les résultats du premier trimestre ont été accompagnés d’un relèvement des objectifs financiers. Le bénéfice devrait ressortir dans une fourchette entre 8,75 et 9,25 Mds$, soit un montant nettement supérieur aux 7,1 Mds$ de l’exercice 2022. 

Les performances financières sont, il faut le souligner, supérieures à celles des principaux concurrents : les marges nette d’AGCO Corporation et CNH Industrial et du japonais Kubota Tractor Corporation sont deux fois moins importantes.  

Néanmoins, il convient de garder à l'esprit que John Deere est un constructeur dont l'activité a atteint un stade de maturité. De plus, la société est sujette à des cycles économiques et une récession pourrait entraîner une baisse des investissements dans les équipements de production. Côté géopolitique, les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et la pénurie mondiale de semi-conducteurs n’ont que peu impactés la société qui a su préserver des marges importantes. Le groupe a même pu procéder à des hausses de tarifs. En bourse, John Deere & Company est à l’image de ses produits : c’est une grosse machine qui tourne bien, étroitement corrélée à l’activité économique avec des fondamentaux solides. Le reflux de l’action par rapport aux plus hauts lui rend de l’intérêt pour garnir un fond de portefeuille.