L'année qui s'achève fut en tout cas celle de tous les records : le chiffre d'affaires atteint $61 milliards en 2023, contre $52 milliards en 2022 ; la marge d'exploitation est de 25%, et la rentabilité des capitaux propres de 48% ; tandis que le résultat net ressort à $10 milliards, contre $7 milliards l'année précédente. 

Deere — qui réalise la moitié de ses ventes en Amérique du Nord — anticipe cependant un retournement de cycle. Il entrevoit ainsi une baisse du résultat net d'au moins 20% en 2024, avec des contractions des ventes comprises entre 10% et 20% sur ses trois segments d'activité. 

Après une séquence 2021-2023 exceptionnelle, ce n'est pas une dépression sectorielle mais un retour à la normale — un "milieu de cycle" comme le décrit pudiquement le groupe — qui explique cette evolution. 

Dans l'agriculture, on a coutume de dire chez les équipementiers comme chez les producteurs d'engrais que les cycles durent cinq ans en moyenne. Très profitable grâce aux efforts de modernisation et de digitalisation de rigueur dans le secteur, celui qui s'achève aura duré presque huit ans. 

A ce titre, le retournement en cours n'a pas pris le marché par surprise. La valorisation de Deere a d'ailleurs commencé à plonger dès octobre 2022. Elle oscille désormais autour de dix fois le profit d'exploitation, c'est-à-dire à un niveau plancher dernièrement touché en 2009 puis en 2014. 

Le management a semble-t-il réagi de manière opportune en orientant $7 milliards vers les rachats d'actions cette année. On note pour l'anecdote que le family office de Bill Gates — actionnaire de longue date — a réduit sa position d'un quart au cours des derniers mois.