Résultats 2019 records

+28%, c’est la progression du bénéfice par action du spécialiste des équipements de protection individuelle (EPI) Delta Plus en 2019. A la tête du groupe fondé par son père Jacques Benoit en 1977, son fils Jérôme enchaîne les années record depuis sa prise en main il y a une petite dizaine d’années. Montée en gamme, intégration de production à valeur ajoutée, installation de la marque Delta Plus comme marque de référence du marché des EPI, esprit familial et entrepreneurial et croissance externe financée par l’endettement : la recette fonctionne et le résultat a, une fois de plus en 2019, dépassé les attentes des analystes. L'augmentation du CA de 9,5%, dont 4,8% en organique, conjuguée à la bonne tenue de la marge brute (à 52,1% vs 51,3% portée par la montée en gamme et une moindre sous-traitance) et la maîtrise de ses coûts de structure ont permis à Delta Plus Group d’afficher en 2019 une marge opérationnelle de 13,7% (+0,2 point).

Ce niveau de marge n’a rien d’anormal pour la profession. Cependant, rappelons que Delta Plus n’affichait que 5,9% de marge opérationnelle il y a 10 ans. A l’époque, le groupe était surtout un importateur d’EPI avec un positionnement concentré sur les familles de produits moins margées comme les vêtements, les chaussures et les gants. En élargissant ses gammes à des produits à plus forte valeur ajoutée comme la protection de la tête, via de nombreuses petites acquisitions, Delta Plus est devenu un acteur qui compte sur un marché peu concentré d’environ 30 Milliards de dollars où les deux grands leaders, 3M Company et Honeywell occupent chacun quelques 5% du marché et affichent une marge opérationnelle supérieure de 5 à 8 points à celle de Delta Plus…

Des résultats qui progressent d'année en année

Source : société

Une ascension stoppée par le COVID

Un temps considérée comme une valeur bien positionnée pour profiter de la pandémie mondiale en tant que fournisseur de masques, notamment les fameux FFP2, Delta Plus est en fait impactée de plein fouet par la crise, notamment en Europe du Sud. Les ventes de masques et combinaisons jetables ont certes connu un doublement au 1er trimestre, avec un possible triplement dans les prochains trimestres, mais ces produits ne représentaient qu’une quinzaine de millions d’euros de CA l’an dernier (un peu plus de 5% des ventes) et ne pourront compenser la chute de l’activité par ailleurs, en particulier au deuxième trimestre alors que la plupart des usines et des chantiers tournent, au mieux, au ralenti.

Le management craint d’ailleurs que le nombre de travailleurs à équiper reste durablement mal orienté en Europe avec des risques de prolongation de la crise industrielle et dans le BTP au-delà de 2020. Un scénario qu’a connu le groupe en 2009 où le groupe avait connu un repli d’un quart de sa de son CA Europe, contre -7% hors Europe. Et que le groupe se sent mieux à même d’affronter qu’il y a 10 ans, le management ayant été renforcé et les gammes de produits élargies, sans compter bien sûr une bien moindre exposition à l’Europe comme l’illustre le graphique ci-dessous.

La répartition des ventes

Source : société

Concernant le reste du monde, les impacts sont hétérogènes, mais rarement positifs. Seul l’Amérique du Nord pourrait éviter la décroissance à court terme, Delta Plus disposant au Brésil de capacités de production de masques très importantes que le groupe est en train d’étoffer.

Impact de la crise sanitaire sur le CA 2020 de Delta Plus - Source : société

Au global, le CA 2020 pourrait connaitre une décroissance de 0 à 20%. Une fourchette qui montre le degré d’incertitude dans lequel se trouve le management, bien que 2009 constitue selon lui un bon repère. L’impact sur les résultats, bien qu’amorti en France où un tiers de l’effectif est en chômage partiel, sera très significatif puisque la marge opérationnelle pourrait rétrograder de 2 à 5 points d’après le management. Sur la base des près de 300 M€ de CA qui étaient budgetés par le groupe en 2020, 20% de CA en moins et 5 points de marge opérationnelle en moins en 2020 par rapport à 2019 ferait attérir le résultat opérationnel aux alentours des 21 M€, contre 36 M€ en 2019 et 35 M€ attendu par le consensus des analystes pour 2020 jusqu’à cette publication.

Sortir renforcé en 2021

En attendant de mieux cerner les impacts de la crise, la direction s’est montrée très confiante dans sa stratégie et dans ses capacités financières, malgré un taux d’endettement structurel non négligeable. Le groupe compte même renforcer sa position concurrentielle pendant la crise, s’estimant plus solide que certains concurrents dont l’activité est moins diversifiée en termes de familles de produits et de couverture géographique. De plus, réalisant 20% de son activité en Chine, elle a pu prendre de l’avance sur bien des sujets. Bien qu’ayant cessé toute recherche active d’acquisition, le management considère ses capactités financières "intactes" et affiche sa volonté de reprendre, dès 2021, une politique de croissance externe volontariste, à des prix probablement plus intéressants qu’avant la crise…Avec, en priorité, toujours la montée en gamme et la croissance hors d’Europe, notamment dans les émergents.