Francfort (awp/afp) - Le premier groupe européen de transport aérien Lufthansa, sauvé de la faillite par l'Etat allemand, se prépare à un "hiver difficile" en raison de l'effondrement durable du trafic qui lui a valu une perte nette de 2 milliards d'euros au troisième trimestre.

La résurgence de la pandémie en Europe "va rendre les mois d'hiver, qui sont déjà compliqués, encore plus difficiles", a prévenu le patron, Carsten Spohr, lors d'une conférence téléphonique.

Lufthansa, qui volera à 25% de ses capacités pré-pandémie jusqu'à la fin de l'année, espère remonter à 50% en 2021, niveau nécessaire pour retrouver des flux de trésorerie positifs, explique le groupe.

Carten Spohr a reconnu cependant être incapable de prévoir quand interviendra "une reprise durable" pour le secteur aérien.

Après avoir limité l'hémorragie de cash à 200 millions d'euros par mois, le groupe va voir cette donnée remonter en fin d'année à 350 millions, en raison de la deuxième vague de contaminations.

Au-delà d'une perte opérationnelle ajustée d'un montant de 1,3 milliards d'euros, une dévalorisation comptable sur les avions affecte le résultat du troisième trimestre.

Le court répit offert par les vacances, le ralentissement de la pandémie en Europe et la levée des restrictions, entre juin et août, s'est évanoui devant la recrudescence de la maladie et les nouvelles restrictions de déplacement en Europe.

"La performance en juillet et août était meilleure qu'attendu, mais depuis, la reprise est bloquée", a commenté M. Spohr.

Avec un rebond du trafic plus faible qu'attendu, Lufthansa a annoncé fin septembre clouer au sol 125 avions supplémentaires qui ont volé cet été.

Seul le minimum nécessaire des activités administratives sera opéré dans les prochains mois.

Sur les neuf premiers mois de l'année, la perte nette du groupe atteint 5,6 milliards d'euros pour une baisse de chiffres d'affaires de 60% à 11 milliards, et un fort recul du nombre de passagers, de 71%.

Plan social ?

Au seul troisième trimestre, Lufthansa a transporté seulement 8,7 millions de voyageurs sur ses différentes compagnies -- dont Swiss, Austrian, Brussels Airlines et Eurowings --, soit 20% du niveau de l'an dernier.

Lufthansa assure toujours vouloir trouver des accords pour "sauver autant d'emplois que possible", notamment grâce à davantage de temps partiel et des coupes de salaire, selon le patron.

Jusqu'à 30.000 emplois sont menacés au sein de l'entreprise, qui se sépare aussi de quelque 150 avions.

Mais M. Spohr a déploré que les négociations avec les syndicats n'avancent que lentement. La direction négocie en parallèle avec le comité d'entreprise un possible plan social qui concernerait dans un premier temps 2.800 employés au sol et 1.100 pilotes.

Quelque 14.000 employés ont déjà quitté le groupe cette année, principalement aux Etats-Unis chez sa filiale d'avitaillement LSG.

Lufthansa a bénéficié en juin d'un vaste plan de sauvetage de 9 milliards d'euros du gouvernement allemand, qui est entré à son capital à hauteur de 25%.

Avec un bénéfice opérationnel de 446 millions d'euros, la branche cargo est la seule dans le vert sur les neuf premiers mois de l'année tandis que le résultat de Lufthansa Technik, prestataire de maintenance que le groupe pourrait vendre en partie, est passé dans le rouge à son tour (-208 millions).

Pour la fin d'année, habituellement chargée en fret en raison des fêtes, Lufthansa va devoir développer des capacités de transport supplémentaires entraînant de nouveaux frais du fait de la baisse des vols passagers, qui emportent habituellement aussi des marchandises.

afp/rp