Zurich (awp) - Dufry a vu sa croissance organique s'accélérer fortement au troisième trimestre, après un début d'année décevant. L'évolution supérieure aux expectatives du marché a déclenché une vague d'enthousiasme chez les détenteurs de capitaux, qui ont porté le titre aux nues mardi à la Bourse suisse.

A la clôture, la nominative Dufry a décollé de 6,8% à 92,36 francs suisses dans un volume d'échanges particulièrement élevé, après avoir flirté avec les 94 francs suisses dans les premiers échanges, alors que le marché dans son ensemble (SPI) s'est contracté 0,54%.

L'exploitant bâlois de boutiques hors-taxes a enregistré lors de son troisième partiel une croissance organique de 4,1%, après 2,2% au premier semestre, portée par presque toutes les régions.

"Les perspectives d'ici la fin de l'année sont également encourageantes, avec une croissance organique s'inscrivant à près de 3,0% au cours des premières semaines d'octobre" s'est félicité le directeur général (CEO) de Dufry, Julian Diaz, cité dans un communiqué.

Le chiffre d'affaires réalisé entre janvier et septembre a crû de 1,8% en rythme annuel pour s'établir à 6,68 milliards de francs suisses, précise mardi dans un communiqué. En termes organiques, la croissance a été de 2,9%, contre 3,1% un an plus tôt. Ajusté de l'Amérique du sud, cet indicateur a même atteint 5,4%, a souligné M. Diaz.

Dans cette région, le groupe a vu son volume d'affaires fondre de 8,4% à moins de 1,14 milliard de francs suisses, une contre-performance qu'il explique par la situation difficile sur le front des devises, marqué par la dévaluation du réal brésilien et du peso argentin.

La zone Europe et Afrique a connu une croissance organique de 5,3% à 2,93 milliards de francs suisses et l'Amérique du Nord de 2,1% à 1,47 milliard. La progression la plus marquée est celle de la plus petite région Asie-Pacifique et Moyen-Orient (+13,4% à 957 millions), à la faveur de nouvelles concessions.

Rentabilité en hausse

Le bénéfice brut a dépassé les 4 milliards de francs suisses (+2,4%), pour une marge correspondante de 60,3%, en hausse de 40 points de base (pb) sur un an, qui reflète notamment "l'amélioration constante dans les négociations (de l'entreprise) avec les fournisseurs globaux et locaux".

Le résultat net attribuable aux actionnaires en revanche a fondu de près de deux tiers à 29,4 millions de francs suisses, grevé par 52,2 millions de participations minoritaires. Sur une base ajustée, il s'est inscrit à 337,1 millions.

Si les recettes et le bénéfice brut sont ressortis en ligne avec les prévisions des analystes sondés par AWP, la croissance organique en revanche a nettement dépassé les pronostics les plus optimistes, tant sur trois que sur neuf mois.

Dufry a confirmé ses ambitions à moyen terme, à savoir, une génération de liquidités de 350-400 millions de francs suisses, ainsi qu'une croissance comprise entre 3-4%.

Lors d'une téléconférence le groupe bâlois a cependant indiqué pouvoir boucler l'exercice en cours dans le cadre des ambitions fixées par la direction à moyen terme. "Nous sommes à pied d'oeuvre pour atteindre les objectifs", a affirmé Julián Díaz.

La croissance devrait être soutenue entre autres par des surfaces de vente supplémentaires. Pour la fin de l'année en cours et 2020, le détaillant aéroportuaire a déjà signé pour 14'600 mètres carrés supplémentaires, a assuré M. Diaz. Quant au portefeuille de projets total comprenant l'ensemble des canaux de distribution, le patron de Dufry l'estime à 43'000 m2.

Le groupe a également annoncé qu'à compter de l'année prochaine, il ne publierait plus ses états financiers aux 1er et 3e trimestres, se contentant de communiquer ses chiffres de ventes.

Rebond brésilien en vue

Dans son commentaire, Vontobel pointe du doigt l'évolution toujours négative en Amérique latine, mais anticipe une poussée au Brésil l'année prochaine à la faveur d'une modification réglementaire.

Dufry a profité d'un remboursement d'impôts au Brésil, note pour sa part la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Mais même ajustée de cet effet, la performance est supérieure aux attentes, et l'objectif de liquidités à moyen terme est à portée de tir.

Plus sceptique, UBS signale que sur une base ajustée, les activités de vente dans les aéroports, qui représentent près de 85% des recettes du groupe, se sont contractées pendant le trimestre sous revue.

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