Paris (awp/afp) - La crise de l'immobilier entraîne des effets en cascade sur l'ensemble des marchés d'équipements du logement. Décoration, électroménager, meubles, chaudières... en sont autant de victimes collatérales, indiquent plusieurs bilans présentés cette semaine.

"Un projet immobilier sur trois a été reporté que ce soit côté achat, déménagement ou côté travaux de rénovation. Six Français sur dix ont renoncé à un achat de biens durables en 2023", constate Julien Peleton-Granier, consultant du cabinet GfK.

En témoigne la dégradation des chiffres des différentes filières en 2023.

"Le marché de la décoration aura ainsi cédé 1,5% en valeur et 6,5% en volume en 2023", indique une étude du cabinet Xerfi. La liquidation de la marque phare Habitat fin 2023 illustre les difficultés du secteur.

Le marché de l'électroménager a reculé de 2,2% en valeur sur l'année, indique une étude de GFK pour le groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils ménagers (Gifam). Le gros électroménager (réfrigérateurs, fours, cuisinières, hottes, lave-vaisselle...) supporte la plus forte baisse (-3,6%).

Les trois grandes familles de produits reculent en valeur, que ce soit le froid (-4,9%), le lavage (-1,5%) ou la cuisson (-4,6%).

"anticiper"

Seule la catégorie des lave-linge reste stable (+0,4%), selon Laurent Cours, directeur études et statistiques du Gifam, qui estime que "l'amélioration énergétique" des produits a pu inciter les consommateurs à "anticiper" des remplacements d'appareils.

Les ventes de meubles ont elles aussi diminué de 2,5% en valeur en 2023. Les cuisines intégrées (-6,9%) et les meubles de salles de bains (-5,6%) ont particulièrement souffert. La baisse en volume est encore plus forte: -8% pour l'ensemble de la filière, indique l'Institut de prospective et d'études de l'ameublement.

Les quantités de radiateurs et sèche-serviettes vendus ont diminué de 16%. Celles de chaudières gaz et fioul ont décru de 23%. Les chaudières à granulé ont chuté plus fortement encore, accusant une baisse de 73% (source: Syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques Uniclima).

Tous ces produits en berne présentent un dénominateur commun: ils font partie des investissements réalisés lors de l'achat d'un logement ou d'un déménagement. Or, l'ensemble du marché immobilier traverse une crise sévère.

La construction neuve affiche un fort recul, avec une baisse de 22% des mises en chantiers et de près de 24% des permis de construire en 2023, selon les chiffres provisoires publiés par le Ministère de la transition écologique fin janvier 2024. Les ventes dans l'ancien ont aussi chuté de 22% (source Fédération nationale de l'immobilier).

Parallèlement, le marché locatif s'est grippé sous l'effet de la pénurie de biens disponibles. En cause, notamment, l'interdiction à la location des logements classés G dans leur diagnostic de performance énergétique.

Cet effet domino du marché immobilier sur les biens d'équipement vient aggraver les conséquences sévères sur le marché du bâtiment dénoncées par les professionnels du secteur en 2023 et appelées à redoubler en 2024.

La Fédération Française du Bâtiment a ainsi alerté les pouvoirs publics en décembre de l'inévitable entrée en récession de la filière. Celle-ci anticipe un "net recul de 5,5% du chiffre d'affaires bâtiment en volume en 2024" et des pertes d'emplois induites estimées à 90'000 cette même année. De mauvais augure pour tous les marchés d'équipement qui en sont tributaires.

afp/ib