Madrid (awp/afp) - Le géant espagnol du vêtement Inditex, propriétaire de Zara, a vu ses profits s'effondrer en 2020 sous l'effet de la pandémie de Covid-19, même si internet a permis de compenser la chute des ventes due aux fermetures de magasins.

Durant l'année, "nous avons eu en moyenne plus de 25% de nos magasins fermés", avec des pics à près de 100% lors des grands confinements du printemps, a rappelé mercredi le président du groupe Pablo Isla lors d'une conférence de presse.

Fin janvier, moins de 20% des boutiques opéraient normalement, les autres étant soient fermées dans les pays ayant réinstauré un confinement comme le Royaume-Uni, ou bien soumises à des restrictions d'horaires ou de capacités d'accueil.

Dans ces conditions, M. Isla a jugé "remarquable" d'avoir finalement pu dégager un bénéfice net de 1,1 milliard d'euros, alors que le groupe avait commencé l'exercice sur une perte nette de 409 millions au premier trimestre, la première en près de vingt ans.

Le résultat net a pourtant plongé de 70% par rapport à 2019, a indiqué le groupe fort de huit marques (Zara Home, Bershka, Oysho, Stradivarius, Pull&Bear...)

Le chiffre d'affaires a reculé de 28%, à 20,4 milliards d'euros, contre plus de 28 milliards en 2019.

En revanche, les ventes par internet ont bondi de 77% sur un an, à taux de change constant, atteignant 6,6 milliards d'euros.

Face aux fermetures forcées de magasins, Inditex a mis les bouchées doubles pour accélérer sa transformation numérique et le développement de la vente en ligne, prévoyant de débloquer 2,7 milliards d'euros supplémentaires entre 2020 et 2022, après avoir déjà investi 2,5 milliards depuis 2012.

Il a aussi accéléré le processus de réorganisation de ses boutiques, qui consiste à fermer les magasins les plus petits pour se concentrer sur d'immenses boutiques situées sur les artères les plus prestigieuses des grandes villes.

En 2020, 751 petits magasins ont ainsi été fermés et 111 grands ouverts, portant le total à 6.829 boutiques.

Intérimaires sacrifiés

Côté emploi, si Inditex a réussi à garder quasiment inchangés ses effectifs en contrat permanent, il a été obligé de sabrer dans les intérimaires recrutés normalement lors des périodes de forte activité (Noël, soldes, rentrée scolaire...).

"Nous n'avons pas pu maintenir les renforts", a admis Pablo Isla, sans préciser le nombre exact de contrats concernés.

Selon lui, le groupe recommence désormais progressivement à recruter des intérimaires.

Les débuts de l'exercice 2021 sont lents, avec 15% des boutiques fermées au 8 mars contre seulement 8% mi-décembre, en raison des nouveaux confinements et restrictions décrétés en Allemagne, au Brésil, en Grèce, au Portugal et au Royaume-Uni.

Sur la première semaine de mars, les ventes sont en baisse de 4% sur un an. Mais Inditex estime que presque tous les magasins devraient avoir rouvert d'ici au 12 avril, et prévoit ensuite une hausse des ventes "significative".

Pour Natasha Cazin, consultante mode chez Euromonitors International, le groupe est toutefois "bien positionné pour rebondir dans un avenir proche", en partie grâce à ses investissements sur la vente en ligne.

Le groupe a aussi su "diversifier sa gamme de produits pour attirer des consommateurs désormais plus intéressés par le soin à la personne et passant plus de temps chez eux", avec des vêtements pour la maison, pyjamas et une hausse des ventes de décoration intérieure de Zara Home, explique l'analyste.

Le groupe de La Corogne compte distribuer un dividende de 0,70 euro par action.

Vers 14H00 GMT le titre restait quasi stable à la Bourse de Madrid, prenant 0,17% dans un marché en hausse de 0,37%.

Les grands groupes du textile ont été frappés de plein fouet par les restrictions liées à la crise sanitaire: le suédois H&M a ainsi vu son bénéfice net divisé par dix en 2020, tandis que le japonais Fast Retailing (Uniqlo) a souffert d'une chute de 44% de ses profits en 2019-2020.

afp/rp