(nouveau : conférence d'analystes, plus de détails, évolution du cours)

TAUFKIRCHEN (dpa-AFX) - Le groupe d'électronique de défense Hensoldt prévoit de poursuivre sa croissance cette année encore, compte tenu de la multiplication des guerres et des conflits dans le monde. En ce qui concerne le chiffre d'affaires, Hensoldt vise environ deux milliards d'euros pour 2024, a annoncé le groupe MDax vendredi à Taufkirchen. Les analystes avaient espéré en moyenne près de 2,2 milliards. Sur les recettes, 19 à 20 pour cent devraient rester sous forme de résultat ajusté avant intérêts, impôts et amortissements (Ebitda ajusté). En outre, les entrées de commandes devraient progresser nettement plus vite que le chiffre d'affaires. L'action a perdu près de neuf pour cent au plus haut.

Avec une baisse de 7,8 pour cent à 31,14 euros, le titre était la valeur la plus faible du MDax des moyennes entreprises. Les investisseurs ont passé à la caisse après la bonne performance de l'action. Portée par l'augmentation des dépenses d'armement dans le monde entier, Hensoldt a déjà progressé de près de 30 pour cent cette année et a atteint mi-février, avec un peu plus de 36 euros, son cours le plus élevé depuis avril 2023. L'action avait ensuite reperdu une partie de ses gains.

"Les besoins en solutions de défense et de sécurité sont élevés dans le monde entier et devraient continuer à augmenter compte tenu de la situation mondiale de conflit et de crise", a déclaré le président du groupe Thomas Müller, selon le communiqué. L'année dernière, Hensoldt avait constaté une augmentation de la demande, notamment pour les systèmes de reconnaissance, de surveillance et d'autoprotection.

Les entrées de commandes sont passées de 1,99 à 2,09 milliards d'euros, mais Hensoldt a décroché moins de contrats que récemment dans le domaine des capteurs. En revanche, la demande a été nettement plus élevée dans le secteur plus petit de l'optronique. Le groupe d'électronique de défense continue manifestement à avoir des problèmes pour honorer ses commandes. Fin 2023, Hensoldt avait dans ses livres des commandes d'une valeur de 5,53 milliards d'euros, contre 5,37 milliards un an plus tôt. Le rapport entre les entrées de commandes et le chiffre d'affaires est passé de 1,2 à 1,1 l'année dernière.

Les recettes ont grimpé de 1,71 à 1,85 milliard d'euros, atteignant ainsi la dernière valeur visée par Hensoldt. Dans l'activité principale, le chiffre d'affaires a augmenté de 16 pour cent. Les principaux moteurs ont été, outre le système de reconnaissance Pegasus et le radar Eurofighter, les radars TRML-4D pour l'Ukraine, le système d'autoprotection Praetorian et le contrat de service C3 pour l'Eurofighter. Alors que le secteur des capteurs a fortement progressé, le chiffre d'affaires du segment optronique a stagné. Les commandes de matériel de défense sont généralement longues et ne se répercutent sur le chiffre d'affaires qu'avec un certain décalage et de manière progressive.

Le résultat opérationnel ajusté (Ebitda) a augmenté l'année dernière de 292 à 329 millions d'euros. Avec une marge opérationnelle de 19,9 pour cent, Hensoldt a atteint ses propres prévisions. Au vu de la nouvelle prévision entre 19 et 20 pour cent, cette valeur ne pourra toutefois être maintenue cette année que dans le meilleur des cas. Hensoldt a également indiqué cette fourchette comme nouvel objectif à moyen terme. En 2022, la marge était encore de 20,4 pour cent. L'année dernière, le résultat opérationnel ajusté de la division optronique a nettement reculé en raison d'investissements, notamment dans la numérisation. Dans ce domaine, Hensoldt passe à S/4 Hana, le logiciel de base de SAP.

L'analyste Christian Cohrs de Warburg Research a souligné que Hensoldt avait atteint ses objectifs financiers en 2023. Il a toutefois ajouté que le résultat était marqué par d'importants effets non récurrents du côté des coûts et que le résultat financier net était bien inférieur à ce qu'il espérait. Au final, Hensoldt a gagné 56 millions d'euros, contre 80 millions l'année précédente. Les analystes s'attendaient en moyenne à environ 113 millions. Cohrs regrette donc l'absence d'aspects positifs qui auraient pu faire grimper le cours de l'action.

Par ailleurs, les traders ont mentionné que le dividende de Hensoldt était peut-être un peu décevant. Les actionnaires devraient recevoir un dividende de 40 centimes par action, soit 10 centimes de plus que la moyenne des attentes du marché, qui était de 48 centimes. Le flux de trésorerie disponible ajusté avant impôts et intérêts s'est élevé à 259 millions d'euros, soit 40 millions de plus que l'année précédente.

Pour la reprise prévue du spécialiste de l'armement ESG de Munich, Hensoldt s'était procuré en décembre environ 241 millions d'euros bruts par une augmentation de capital. L'Etat fédéral a participé par le biais de la Kreditanstalt für Wiederaufbau (KfW) et détient ainsi 25,1 pour cent de Hensoldt. Pour les activités ESG, qui représentent jusqu'à 730 millions d'euros, Hensoldt veut en outre contracter une dette d'environ 450 millions d'euros. Fin 2023, l'endettement net sans augmentation de capital s'élevait à 301 millions d'euros.

L'entreprise s'attend entre-temps à ce que l'acquisition d'ESG soit réalisée à la fin du premier trimestre. Au deuxième trimestre de l'année, Hensoldt veut donc également adapter ses prévisions, qui incluront alors ESG, comme l'a déclaré le directeur général du groupe Müller vendredi après-midi lors d'une conférence téléphonique avec des analystes. En avril, le manager sera remplacé par Oliver Dorre en tant que nouveau chef d'entreprise, comme on le sait depuis mars 2023.