NEW YORK (Agefi-Dow Jones)--Un avocat de Johnson & Johnson a déclaré que le fabricant de biens de consommation envisageait de placer une de ses filiales sous la protection du régime américain des faillites dans le cadre de sa stratégie pour régler des milliers de plaintes liées à son talc pour bébé, accusé de provoquer des cancers des ovaires, ont indiqué des personnes proches du dossier.

La possibilité que la filiale soit placée sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites a été évoquée par le représentant de Johnson & Johnson au cours de discussions sur son talc pour bébé, ont indiqué des avocats spécialisés dans les préjudices corporels, qui ont dit avoir obtenu cette information lors de négociations menées ces dernières semaines pour résoudre les plaintes de leurs clients. L'agence de presse Reuters avait été la première à rapporter cette information dimanche.

En avril, quelque 28.900 plaintes contre le groupe et sa filiale Johnson & Johnson Consumer Inc. au sujet de ces produits à base de talcs attendaient d'être étudiées par les tribunaux américains. Ces produits ont été retirés de la vente aux Etats-Unis et au Canada par J&J l'année dernière. Dans son dernier rapport trimestriel, daté d'avril, le groupe indiquait que le nombre de plaintes au sujet du talc continuait d'augmenter.

Un porte-parole de l'entreprise a déclaré dimanche que "Johnson & Johnson Consumer Inc. n'a[vait] pas décidé d'une ligne de conduite particulière dans ce litige, si ce n'est de continuer à défendre la sécurité du talc et de plaider ces affaires dans le cadre du système de responsabilité civile, comme le démontrent les procès en attente."

La faillite peut être un outil puissant pour les entreprises confrontées à un grand nombre de plaintes contre des produits présumés défectueux. Le dépôt d'un dossier de faillite peut contraindre les plaignants à accepter des règlements moins élevés, en mettant un terme aux litiges en cours et en créant un forum centralisé pour évaluer les demandes. Le placement d'une filiale sous la protection du régime des faillites permet également à sa maison mère de bénéficier d'une protection contre les litiges susceptibles de survenir après le dépôt du dossier de faillite.

Les verdicts des jurys dans les affaires concernant le talc de J&J qui ont fait l'objet d'un procès ont été mitigés, certains se rangeant du côté de l'entreprise et d'autres ayant accordé des sommes élevées aux victimes de cancer. Certains de ces montants ont été revus à la baisse par des cours d'appel.

"J&J menace de faire faillite pour éviter d'être tenu responsable des blessures subies par les femmes", a indiqué Jim Onder, l'un des avocats qui ont intenté des procès contre la société, en ajoutant qu'il semblait inapproprié "qu'une des entreprises les plus riches du monde utilise la faillite comme méthode pour limiter sa responsabilité".

J&J réfute le caractère dangereux ou cancérigène de ses produits à base de talc et a indiqué dans des documents judiciaires que les études épidémiologiques n'établissaient aucun lien significatif entre l'utilisation du talc et le cancer de l'ovaire.

Pendant longtemps, J&J s'est approvisionné en talc auprès d'Imerys Talc America, une filiale du groupe français Imerys. Cette filiale s'est placée sous la protection du régime des faillites en 2019.

-Andrew Scurria, The Wall Street Journal

(Version française Valérie Venck) ed: ECH

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July 19, 2021 06:12 ET (10:12 GMT)