Zurich (awp) - Le gestionnaire de fortune Julius Bär a bouclé 2019 sur une stagnation des recettes, une collecte d'argent inférieure aux attentes et une contraction du bénéfice. La banque zurichoise se fixe de nouveaux objectifs et lance un programme de réduction des coûts, à hauteur de 200 millions de francs suisses sur trois ans.

"Nous allons passer d'une stratégie de collecte d'actifs à une stratégie de croissance durable des bénéfices", indique lundi le directeur général Philipp Rickenbacher, cité dans un communiqué. Cette nouvelle orientation repose sur un "conseil personnalisé" pour les segments de clientèle riche et ultra-riche.

Julius Bär a longtemps suivi une logique de croissance à tout prix, notamment par le biais d'acquisitions, une politique portée par l'ex-patron Boris Collardi, parti à fin 2017 pour rejoindre la banque genevoise Pictet en juin 2018. M. Rickenbacher dirige Julius Bär depuis septembre. Il a succédé à Bernhard Hodler, qui est resté moins de deux ans à la tête du groupe.

En 2019, le produit d'exploitation a fait du surplace (+0,4%) en rythme annuel à 3,38 milliards de francs suisses. Le bénéfice ajusté des coûts de restructuration et amortissement des actifs incorporels a reculé de 4,7% à 772 millions.

Le bénéfice net accuse une chute de 37% à 465 millions de francs suisses. Ce plongeon est imputable à la constitution d'une nouvelle provision de 153 millions pour un litige juridique en Allemagne et une correction de valeur de 99 millions liée à l'acquisition de la filiale à problèmes Kairos.

Le conseil d'administration propose de maintenir le dividende à 1,50 franc par action.

La masse sous gestion s'est inscrite à 426 milliards de francs suisses, un bond de près de 12% ou de 44 milliards. Cette progression est principalement due à l'effet marché puisque les entrées nettes d'argent se sont établies à 10,6 milliards. En 2018, Julius avait réalisé une collecte de 17,4 milliards.

Nouvelles sorties chez Kairos

Les sorties d'argent subies par la filiale italienne Kairos continuent de miner la collecte d'argent. Ces reflux ont poussé la banque zurichoise à abaisser en novembre ses prévisions de croissance des avoirs nets à "moins de 3%". Sur 2019, cette progression a atteint 2,8%. Ajusté de Kairos, elle s'est fixée à 4,1%.

Les recettes, la masse sous gestion et le bénéfice net sont peu ou prou dans la cible des prévisions du consensus AWP. Le dividende, attendu à 1,55 franc, et le bénéfice ajusté déçoivent les attentes. Les entrées nettes d'argent manquent de près de 12% le consensus.

Le groupe zurichois a fixé de nouveaux objectifs pour ces trois prochaines années. La direction table désormais sur une marge avant impôts de 25 à 28 points de base, un ratio coût/revenus de 67% ou moins, une croissance annuelle de 10% du bénéfice avant impôts et un rendement des fonds propres de première catégorie (CET1) avant impôts de 30% au moins d'ici 2022.

En 2019, la marge avant impôts s'est étiolée de 3 points de base (pb) à 22 pb, le rapport entre les dépenses et les recettes est resté stable à 71% et le rendement des fonds propres CET1 a reculé de 3 points de pourcentage à 27%.

Julius Bär va également rogner sur les coûts, à hauteur de 200 millions. Les effets devraient commencer à se faire sentir en 2021, avant se réaliser totalement en 2022, précise le communiqué. Ce programme devrait permettre d'améliorer la base de revenus de 150 millions de francs suisses.

Parallèlement, la banque va accélérer les investissements dans le numérique de 20% cette année et la prochaine, afin de "renforcer la prise de décision humaine". Ces outils devraient permettre d'augmenter les recettes et d'améliorer l'efficacité, selon le groupe.

fr/al/jh