Paris (awp/afp) - Le groupe de luxe Kering, toujours plombé par sa marque phare Gucci, a annoncé mardi anticiper une baisse de son chiffre d'affaires "de l'ordre de 10%" au premier trimestre sur un an, après une année 2023 déjà jugée "difficile" par son PDG François-Henri Pinault.

"Cette performance reflète, principalement, un recul plus marqué de Gucci, en particulier en Asie-Pacifique. Ainsi, le chiffre d'affaires de Gucci au 31 mars devrait être en retrait de près de 20% en comparable" (hors effets de périmètre et de taux de change), précise dans un communiqué le groupe.

Kering publiera son chiffre d'affaires du premier trimestre le 23 avril après Bourse.

"L'effet combiné sur le chiffre d'affaires publié de la contribution positive liée à la consolidation de Creed (parfumeur acquis en octobre pour 3,5 milliards d'euros, NDLR) et de l'impact négatif des taux de change est estimé de l'ordre de -1 à -2%", précise le communiqué.

Kering a déjà connu une année 2023 "difficile", selon son PDG, le groupe cherchant à relancer sa marque phare Gucci qui représente la moitié de ses ventes et dont les ventes avaient baissé de 6% en 2023, passant sous les 10 milliards d'euros.

Le groupe de luxe, également propriétaire des marques Yves Saint Laurent, Bottega Veneta et Balenciaga, avait annoncé un bénéfice net 2023 en recul de 17% et des ventes en baisse de 4% sur un an.

Après s'être séparé du créateur artistique de Gucci, Alessandro Michele, en janvier 2023, auquel Sabato de Sarno a succédé, François-Henri Pinault a nommé l'un de ses plus proches collaborateurs à la tête de la marque italienne, Jean-François Palus, directeur général délégué de Kering.

"Notre priorité est de remettre Gucci sur les rails", avait répété en février M. Pinault, mais cela "ne se fera pas du jour au lendemain". Il s'était cependant dit "confiant" sur le long terme au vu de "l'expérience acquise au cours du développement remarquable du groupe dans la dernière décennie".

Montée en gamme

Les produits de la collection de Sabato de Sarno, "Ancora, ont commencé à être disponibles dans certains magasins Gucci depuis mi-février et essentiellement dans la catégorie prêt-à-porter", précise le communiqué en assurant que la nouvelle collection "reçoit un très bon accueil".

Dans une note publiée mardi soir, Luca Solca, analyste pour Bernstein, se déclare "sur la réserve en attendant des signes plus tangibles que le nouveau Gucci fonctionne". "Les difficultés sont spécifiques à Kering" dans le secteur du luxe "mais rappellent la faiblesse de la confiance et des dépenses des consommateurs chinois", ajoute l'analyste.

La banque RBC a pourtant estimé dans une note mardi soir que "le potentiel de Gucci rest(ait) inexprimé" et identifie "les bonnes initiatives stratégiques dans des domaines tels que la Chine, l'élévation de la marque et le recentrage sur les clients très importants, la reconstruction de son offre de produits notamment dans les sacs à main, ainsi que le changement dans le +leadership+ créatif et exécutif, ce qui devrait à terme se traduire par un profil de croissance amélioré".

En parallèle à ces changements chez Gucci, Kering déploie "une stratégie de montée en gamme" de la marque italienne mais également des autres marques.

"J'ai décidé, avec notre équipe de direction, que malgré l'environnement incertain actuel, nous ne devrions pas réduire nos investissements dans l'avenir", avait expliqué en février François-Henri Pinault.

"Cela exercera une certaine pression sur nos résultats à court terme, mais nous sommes déterminés à faire en sorte que cette douleur à court terme porte ses fruits à long terme", a-t-il ajouté.

"On est très fort dans toutes nos maisons sur la clientèle aspirationnelle (c'est-à-dire plus jeune et moins fortunée qui se tourne vers des produits "tendance" dont ceux de Gucci, NDLR), on pénètre moins les segments plus sophistiqués", avait expliqué François-Henri Pinault à la presse en février.

"Cette élévation nous permet, si elle est bien faite, de pouvoir développer ces segments plus sophistiqués, plus haut de gamme, avec une clientèle qui a un pouvoir d'achat plus élevé", avait-il ajouté.

afp/rp