Zurich (awp) - Le sous-traitant bâlois de l'industrie pharmaceutique Lonza, qui a connu des turbulences le mois dernier avec l'annonce de la fin du contrat avec Moderna et le départ surprise de son patron, a essayé de rassurer les investisseurs mardi en publiant sa feuille de route 2024-2028. Son action s'est retrouvée bonne dernière du SMI, l'indice vedette.

Les perspectives pour l'année en cours, rabotées l'été dernier lors de la publication des chiffres semestriels, sont maintenues, mais légèrement plus optimistes. La croissance des recettes est ainsi attendue dans "le haut de la fourchette" de 5% à 9%, tandis que la marge Ebitda de base devrait finalement se situer "au-dessus" de la cible de 28 à 29%.

Ce relèvement est dû à "l'indemnité de résiliation unique", en compensation de la fin du contrat de production des vaccins contre le Covid-19 pour l'américain Moderna, annoncée en septembre. Celle-ci s'élève à environ 200 millions de francs suisses.

De juillet à septembre, les contraintes de financement dans la biotechnologie ont continué de peser sur les services à un stade précoce de la division Biologics et ont pesé sur la croissance des ventes de Cell & Gene.

Année de transition

En 2024, la croissance sera affectée par "la perte de revenus" issus du partenariat avec le laboratoire américain. L'an dernier, la collaboration avec le laboratoire du Massachusetts avait rapporté "un demi-milliard de francs suisses", a précisé le chef des finances Philippe Deecke lors de la présentation, sur les 6,2 milliards de recettes engrangées en 2022.

Le "risque d'une plus petite activité Kodak Science" pèsera aussi. Dans ce contexte, le groupe anticipe une marge entre 25 et 29%. Il s'agit là du "second avertissement sur résultats pour 2024" a mis en garde Vontobel. Cet objectif de marge avait déjà été raboté l'été dernier à 31-33%, contre 33% à 35% annoncé en janvier dernier.

Des détails seront fournis lors de la présentation des résultats annuels en janvier prochain, a promis Lonza.

L'année prochaine sera "inhabituelle" et servira de base aux objectifs 2028, a ajouté le CFO. Le directeur général par intérim et président du conseil d'administration Albert Baehny a assuré que le marché de la sous-traitance pharmaceutique (CDMO) reste "attractif et robuste".

Marge jusqu'à 34%

Les objectifs pour la période 2024-2028 visent une croissance du chiffre d'affaires de 11 à 13%, une marge Ebitda de base de 32% à 34% et un retour sur capitaux investis (ROIC) à deux chiffres, selon Lonza.

A titre de comparaison, l'an dernier, la marge opérationnelle brute de base avait atteint 32,1% et le chiffre d'affaires avait bondi de 15,1% hors effets de changes, alimenté encore par les recettes de la franchise Covid-19.

Le groupe rhénano-valaisan relève la fourchette de redistribution aux actionnaires à 35-45% contre 25-40%, "montrant la confiance dans sa force financière".

Par divisions, Biologics doit rester un "moteur de croissance principal", avec une marge opérationnelle brute attendue au cours des quatre années supérieure à 35%. Cet indicateur doit être supérieur à 30% pour Small Molecules et Capsules & Health Ingredients et supérieur à 25% pour Cell & Gene.

Comme attendu, il n'a pas été question dans les documents disponibles de la succession du directeur général, Pierre-Alain Ruffieux, parti abruptement fin septembre, et remplacé à titre intérimaire par Albert Baehny.

Mirabaud estime que l'année 2024 sera "stable" comparé à 2023, plutôt qu'un exercice en progression. Les analystes soulignent que Lonza fait face aux financements plus difficiles dans la biotech en raison du renchérissement du loyer de l'argent.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) recommande le titre à "surpondérer". Après une année 2023 plus faible, 2024 apparaît comme une "nouvelle année de transition" vers des objectifs à moyen terme "optimistes", avec "à nouveau une bien meilleure évolution opérationnelle".

Les investisseurs ont visiblement fait la grimace. L'action Lonza a ainsi clôturé sur une dégringolade de 16,15% à 357,30 francs suisses. Il y a un an, le titre valait encore 515 francs suisses. Il a terminé bon dernier du SMI, l'indice phare de la Bourse suisse ayant lui cédé 0,69%.

ck/vj