MOSCOU, 10 juillet (Reuters) - Le groupe minier russe Mechel pourrait être autorisé à déposer son bilan afin de pouvoir remettre de l'ordre dans ses finances, a déclaré jeudi le ministre de l'Industrie, laissant entendre pour la première fois que l'Etat ne viendrait pas en aide à l'entreprise, qui emploie 70.000 personnes.

A la Bourse de Moscou, l'action Mechel a chuté de 14,71% jeudi. La capitalisation boursière du groupe a fondu de plus de 95% depuis son point haut de 2008, selon les données Reuters.

Les autorités politiques et économiques russes ont soutenu les conglomérats contrôlés par les oligarques proches du Kremlin depuis le début de la baisse des marchés de matières premières, afin d'éviter une vague de défauts et des pertes d'emplois massives au moment où l'économie du pays est déjà à l'arrêt.

Pourtant, le ministre de l'Industrie, Denis Mantourov, a estimé jeudi qu'un dépôt de bilan pourrait être bénéfique pour Mechel. Mercredi, la banque publique de développement VEB avait déclaré qu'elle n'avait pas l'intention de participer à un quelconque renflouement du groupe.

"Nous devons discuter d'un redressement financier, soit par le biais de la loi sur les faillites, soit par un renforcement de la société, qui pourrait assumer elle-même les risques et la responsabilité de sortir l'entreprise de la crise", a déclaré Denis Mantourov selon les propos cités par l'agence de presse RIA.

Mechel s'est refusé à tout commentaire.

Pénalisé par la baisse des prix de ses produits, Mechel a besoin d'urgence d'un soutien financier. Il a déjà conclu plusieurs accords de restructuration de sa dette avec ses banques, au premier rang desquelles figurent Sberbank, VTB et Gazprombank, trois établissements dont l'Etat est actionnaire.

Le gouvernement a envisagé un temps un montage dans lequel trois banques auraient prêté 180 milliards de roubles (3,9 milliards d'euros) à VEB, laquelle aurait utilisé cette enveloppe pour acheter des obligations convertibles émises par Mechel.

Mais le président de VEB a sapé ce projet en annonçant mercredi qu'il recommanderait à son conseil d'administration - présidé par le Premier ministre, Dmitri Medvedev - de ne pas participer à des renflouements susceptibles de se solder par des pertes.

Il n'est pas certain que le conseil de la banque suivra cette recommandation et on ignore pour l'instant quand il se réunira. Et de toute façon, la décision définitive pourrait bien appartenir au président Vladimir Poutine.

Si l'option VEB et celle du dépôt de bilan étaient exclues, les banques publiques pourraient demander des garanties à l'Etat pour entamer une nouvelle restructuration de la dette de Mechel, a dit une source bancaire à Reuters. (Polina Devitt et Oksana Kobzeva; Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)