Alphavalue - Après avoir affiché une performance inférieure à son secteur pendant longtemps, le cours de Medica s’est fortement repris depuis juillet 2013. Medica est spécialisée dans les établissements de soins de longue durée, principalement en France.

Le déclencheur a été l’annonce de l’acquisition de Senior Living Group en Belgique (voir notre commentaire du 30 juillet 2013), consolidé depuis le mois d’octobre. Cette opération est en effet très positive pour au moins 2 raisons (+1 !). L’acquisition laisse une part d’ombre (nous supposons qu’elle a été réalisée pour un montant de 220m€) et a été totalement financée par de la dette, venant donc grossir le montant total de la dette du groupe mais augmentant également le ROE, désormais plus proche de 9%, toujours assez éloigné de son comparable français Orpea à 11,5%.

D’un point de vue strictement opérationnel, cette acquisition permet à Medica d’augmenter de presque 1/3 le nombre de lits exploités et accroît le ratio « lits en développement/lits en activité » de 12,6% à 15,1%. De sorte que le potentiel de croissance à court et moyen termes a été significativement amélioré. En effet la croissance du chiffre d’affaires dépend principalement de la capacité à ouvrir de nouveaux lits qui sont normalement plus rentables que les « anciens » lits (« restructurer » les lits consiste en général à transformer des chambres à deux lits en chambres particulières et à améliorer l’environnement) et à construire des structures de moyen-haut de gamme dans des zones géographiques à fort pouvoir d’achat. Une fois les lits occupés, la marge de manœuvre pour augmenter les prix est limitée, même si la diminution des durées de séjour (de plus de 24 mois il y a 2-3 ans à 15-18 mois actuellement) permet d’appliquer des hausses de tarif pour l’hébergement.

Sur le plan de la répartition des risques, des acquisitions en Europe hors de France, dans un pays où la réglementation et la structure démographique et sociologique sont comparables à celles de la France, est évidemment un atout. En effet, sur ce marché très réglementé, l’activité est totalement dépendante des décisions politiques. Les propos de la ministre française déléguée aux personnes âgées à l’été 2012, bien que totalement déconnectés de la réalité du modèle économique de ce secteur, avaient temporairement affecté le cours des sociétés du secteur, soulignant ainsi l’impact des politiques publiques, peu prévisibles dans le contexte actuel, notamment en raison des importantes contraintes budgétaires.

Enfin, l’effet mimétique a peut être également contribué à la hausse du cours. Medica se rapproche ainsi du type de développement observé chez Orpea, le leader européen avec 40 374 lits (22 817 lits pour Medica), et dont le croissance a été à la fois très forte et régulière au cours des 10 dernières années. En effet, Orpea est déjà présent dans 5 pays européens (3 pays actuellement pour Medica) incluant la Belgique. Sa part dans l’ensemble du marché français est de 3,5% (2,2% pour Medica), mais elle est de 15,4% (contre 10,4% pour Medica) du marché privé lucratif. En Belgique, les parts de marché respectives d’Orpea et de Medica sont de 4,8% et 4,1% (respectivement 14,6% et 12,3% du secteur privé), donc très proches.

Medica a récemment réduit l’écart avec l’indice du secteur qui inclut Rhoen Klinikum bien soutenue par la cession de l’essentiel de ses cliniques à FMC. Nous pensons qu’il reste encore 30% de potentiel, un peu moins sur la base d’une valorisation par l’ANR et davantage sur la base du DCF.