Milan (awp/afp) - La banque italienne UniCredit a affiché des résultats solides au troisième trimestre et continué sa mue en cédant sa participation dans son homologue Mediobanca, dont elle était le premier actionnaire.

Au troisième trimestre, son bénéfice a atteint 1,1 milliard d'euros, un résultat meilleur qu'attendu, les analystes tablant sur 1,034 milliard, selon le consensus fourni par la banque.

Ce résultat marque un énorme bond par rapport aux 29 millions enregistrés un an plus tôt, quand UniCredit avait dû dévaluer sa participation dans la banque turque Yapi et passer des provisions en vue de sanctions américaines liées à l'Iran.

Porté par les activités commerciales, son chiffre d'affaires trimestriel a, lui, progressé de 1,7%, à 4,7 milliards d'euros, un chiffre là aussi supérieur aux attentes (4,58 milliards).

Début août, en raison du contexte économique difficile marqué par des taux d'intérêt bas, la première banque italienne en terme d'actifs avait été contrainte de revoir à la baisse son objectif de chiffre d'affaires pour 2019. Elle vise désormais 18,7 milliards (contre 19 milliards auparavant).

Le groupe a aussi confirmé jeudi viser un bénéfice net ajusté à 4,7 milliards et une rentabilité de fonds propres (ROTE) supérieure à 9%.

Son ratio de fonds propres durs CET1, indice très suivi par les analystes car il mesure la capacité à faire face à des crises, atteint 12,6%, contre 12,08% fin juin, un niveau très élevé.

Les investisseurs étaient enthousiastes après ces annonces: le titre a fini en hausse de 5,96% à 12,8 euros à la Bourse de Milan, dans un marché en progression de 0,56%.

Le Français Jean-Pierre Mustier a mené depuis 2016 une vaste réorganisation de la banque qui figurait alors parmi les moins performantes lors de tests de résistance menés par l'Autorité bancaire européenne (EBA).

UniCredit a levé 13 milliards d'euros, nettoyé ses comptes de milliards d'euros de créances douteuses et supprimé 14.000 emplois équivalents temps plein.

Il a aussi cédé divers actifs, comme Finecobank. Et mercredi soir, il a vendu la totalité de sa participation, soit 8,4%, dans la principale banque d'affaires italienne, Mediobanca.

"Non stratégique"

Cette opération lui a permis d'encaisser 785 millions d'euros, avec une "petite" plus-value qui sera sans effet sur le capital (sur son CET1).

"En septembre 2018, quand M. Bolloré a décidé de quitter le pacte (des actionnaires de Mediobanca), UniCredit a suggéré un nouveau pacte renforcé pour les membres restants. Notre objectif était de renforcer la gouvernance et l'indépendance de Mediobanca" et des entreprises liées comme l'assureur Generali, dont il est le premier actionnaire, mais "notre proposition a été rejetée", a expliqué M. Mustier à la presse.

"A partir de ce moment-là, UniCredit a considéré sa participation dans Mediobanca comme non stratégique", a-t-il justifié, en rappelant aussi que Mediobanca était un "concurrent".

Cette sortie d'UniCredit bouleverse profondément l'actionnariat de Mediobanca, déjà chamboulé par l'entrée à son capital en septembre du milliardaire Leonardo Del Vecchio, qui a critiqué la stratégie engagée. Le fondateur du lunetier Luxottica est désormais son premier actionnaire.

M. Mustier a expliqué qu'UniCredit avait pris sa décision de manière "indépendante" et a refusé de s'exprimer sur d'éventuels contacts avec M. Del Vecchio, son établissement n'évoquant "jamais ses clients".

Mediobanca est "extrêmement bien gérée" et ceci a été "reconnu par les investisseurs", la participation ayant été vendue "en une heure" avec un rabais de seulement 2,3%, a noté M. Mustier.

Si Mediobanca présentera son nouveau plan stratégique mardi, UniCredit annoncera le sien, "Team 23", le 3 décembre à Londres.

"Nous avons déjà atteint ou nous dépasserons à la fin de l'année tous nos objectifs clés" du plan Transform 2019, a noté M. Mustier.

Dans le prochain plan, "l'allocation du capital sera centrale", a-t-il dit, en anticipant que "les revenus ne croitront plus tellement", ce qui impliquera une vigilance sur les coûts.

Le dirigeant a précisé qu'UniCredit étudiait la possibilité de créer une holding pour les actifs internationaux, non cotée en Bourse et basée en Italie, démentant ainsi des informations de presse affirmant qu'elle serait située en Allemagne.

afp/rp