Paris (awp/afp) - Le groupe bancaire mutualiste BPCE a engrangé un bénéfice net divisé par deux en 2020, à cause notamment d'une hausse de ses provisions pour risques de crédit en pleine crise économique, mais aussi de turbulences au sein de sa filiale Natixis.

BPCE, qui rassemble les réseaux Banque Populaire, Caisse d'Épargne et la banque Natixis, a dégagé l'an passé un bénéfice net de 1,6 milliard d'euros contre un peu plus de trois milliards en 2019, selon un communiqué.

Ce résultat est lié pour une large part au coût du risque, c'est-à-dire aux provisions passées pour faire face à d'éventuels défauts de remboursement sur les crédits que le groupe a accordés. L'an passé, ces provisions ont été multipliées par plus de deux, à près de trois milliards d'euros.

Cette hausse du coût du risque résulte de la dégradation du contexte économique en 2020, et d'une politique prudente de provisionnement pour tenir compte de la détérioration des perspectives économiques, explique le groupe.

Et de fait, près de la moitié de ces provisions concernent des crédits considérés actuellement comme sains.

Mais faute d'une bonne visibilité sur les mois à venir, "il faut être prudent, c'est pour ça qu'on a beaucoup provisionné l'an passé", a mis en avant Laurent Mignon, le président du directoire de BPCE, lors d'une conférence de presse.

Rebond au quatrième trimestre ___

Du point de vue de l'activité commerciale, le produit net bancaire, équivalent peu ou prou du chiffre d'affaires pour les banques, a pour sa part mieux résisté que le bénéfice net avec un recul limité à 4,5% sur un an, à 22,5 milliards d'euros.

Sur le seul quatrième trimestre, les résultats du groupe ont même affiché un rebond, avec une hausse de 2,9% du produit net bancaire.

À l'instar de ses rivaux, BPCE a connu une année très contrastée, avec un premier semestre fortement perturbé par la première phase de confinement, et un deuxième semestre marqué par un rebond à la faveur notamment de restrictions sanitaires moins sévères.

De façon générale, le groupe met en avant ses efforts pour réduire ses coûts, lesquels ont reculé de 2,5% l'an passé.

Du point de vue de l'assise financière, le ratio de fonds propres "durs", indicateur clé, a par ailleurs progressé à 16% en fin d'année, contre 15,9% fin septembre.

Dans le détail de ses divisions, le pôle "banque de proximité et Assurance" a réussi à faire progresser ses recettes de 2,6% sur l'ensemble de 2020, à la faveur notamment des bonnes performances de l'assurance.

L'année s'est en revanche révélée plus compliquée en gestion d'actifs et en banque de grande clientèle, deux divisions logées au sein de la filiale cotée Natixis, que le groupe a annoncé mardi vouloir retirer de la Bourse en rachetant les parts des actionnaires minoritaires pour presque quatre milliards d'euros.

Natixis chahuté ___

Natixis, qui rassemble les activités de gestion d'actifs, de banque de grande clientèle, d'assurance et de paiement du groupe BPCE, a vu l'an passé son bénéfice net réduit quasiment à néant, passant de presque deux milliards en 2019 à 100 millions, malgré un rebond en fin d'année.

Et en gestion d'actifs, tout comme dans la banque de grande clientèle, les revenus ont chuté de 16% en 2020.

Natixis a été notamment secoué par des turbulences liées à l'un de ses affiliés, la société de gestion britannique H2O.

Après avoir déjà été en proie à des secousses en 2019, H2O a à nouveau provoqué une vague d'inquiétudes au cours de l'été, à la suite de l'annonce de la suspension de huit fonds, une part croissante de ces placements étant constituée d'actifs non liquides difficiles à valoriser et liés à l'homme d'affaires allemand controversé Lars Windhorst.

Dans ce contexte, Natixis veut se séparer de H2O et va céder sa participation dans cette société de gestion à ses dirigeants.

Corrigé de la contribution de H2O, la baisse des revenus de la gestion d'actifs en 2020 s'est limitée à 2%, souligne BPCE.

afp/rp