Paris (awp/afp) - Le groupe bancaire mutualiste BPCE a levé mardi le voile sur un important projet de réorganisation, qui prévoit notamment de racheter pour presque 4 milliards d'euros le solde du capital de sa filiale cotée Natixis en vue de la retirer de la Bourse.

"Ce plan qui sera annoncé en juin portera la dynamique de développement de chacun des trois métiers du groupe, la banque de proximité et assurance, la gestion d'actifs et de fortune et la banque de grande clientèle", a fait savoir BPCE dans un communiqué.

Dans cette perspective, le groupe a déjà lancé mardi soir une opération de taille: le dépôt d'une offre publique visant les 29,3% qu'il ne détient pas encore dans Natixis, qui rassemble ses activités de gestion d'actifs, de banque de grande clientèle, d'assurance et de paiement.

BPCE propose 4 euros par action Natixis. Ce faisant, il s'apprête donc à débourser environ 3,7 milliards d'euros.

En cas de succès, l'offre publique sera suivie d'un retrait de Natixis de la Bourse de Paris.

Année chahutée pour Natixis

Avec l'opération annoncée, "Natixis n'a plus vraiment de raison d'être. Tout va remonter à la maison mère. C'est entériné: Natixis va disparaître. Nous n'avons aucune idée de ce que demain va nous offrir", a déploré mardi auprès de l'AFP une source syndicale, rappelant qu'un plan de suppression de 250 postes est "en cours" et qu'environ 400 autres postes ont été externalisés "il y a deux mois".

Ce projet de retrait n'est pas tout à fait une surprise: l'an passé, des rumeurs en ce sens avaient déjà agité le marché parisien. A l'époque, le groupe avait démenti.

L'opération intervient au sortir d'une année chahutée pour Natixis.

Elle a vu s'effondrer en 2020 son bénéfice net, à 101 millions d'euros contre près de 1,9 milliard en 2019, sous l'effet essentiellement de la crise du Covid-19, selon des données publiées parallèlement mardi soir.

Natixis a par ailleurs changé de patron début août en raison de "divergences stratégiques" et dévoilé en novembre un plan de transformation visant à réaliser 350 millions d'économies d'ici à la fin 2024.

Premier groupe bancaire non coté en Europe

À l'issue de cette opération, "BPCE serait le premier groupe bancaire non coté en Europe", fait valoir le communiqué.

En parallèle, il envisage de racheter à Natixis les métiers de l'assurance et du paiement pour les réunir au sein d'une même entité avec ses réseaux de détail Banque Populaire et Caisse d'Épargne.

Cette opération intervient dans un contexte délicat pour les groupes bancaires. Le secteur doit faire face "à un paysage concurrentiel important, une réglementation de plus en plus forte, des taux bas, des investissements massifs à prévoir dans la donnée et le numérique", résume pour l'AFP Laurent Mignon, le président du directoire de BPCE.

"Les banques ont besoin de plus de fonds propres, elles ont des marges plus faibles et elles ont du mal à rentabiliser les fonds propres qu'elles doivent mobiliser à un niveau suffisant pour ce qu'attend le marché", ajoute-t-il.

Dans ce contexte, BPCE constate "que la cotation de Natixis ne lui apporte pas les moyens utiles à son développement alors que les marges de manoeuvre stratégiques sont davantage situées au sein du groupe que dans les marchés", selon son communiqué.

Natixis a toutefois fait valoir mardi un net redressement de ses activités au dernier trimestre 2020, avec notamment un bénéfice net "à son plus haut niveau depuis plus de deux ans".

En outre, elle revendique une hausse de ses actifs sous gestion, qui ont atteint fin 2020 le montant historiquement élevé de 1.117 milliards d'euros.

La banque de grande clientèle a par ailleurs réalisé "son meilleur trimestre de l'année, avec notamment des revenus nettement supérieurs aux objectifs fixés en fusions-acquisitions, une très bonne maîtrise de ses charges et un coût du risque en amélioration", met en avant Nicolas Namias, son nouveau patron.

afp/rp