Il n’aura fallu que 15 jours de confinement fin mars pour gâcher les résultats du 1er semestre. Structurellement déficitaires, les résultats semestriels du groupe sont plutôt ressortis en dessous des attentes des analystes. Après un début d'exercice en ligne voire un peu meilleur que le plan Change-up, le manque à gagner de 31 M€ en location sur la seconde moitié de mars a pesé pour… 30ME sur le compte de résultat opérationnel compte-tenu de la structure de coûts fixes du groupe.

Un compte de résultats plus dégradé que d'habitude
Impact Covid sur Résultat opérationnel courant de la branche tourisme
Impact Covid sur Résultat opérationnel courant de la branche tourisme (Source Présentation PVCP)

Mais le plus difficile est bien entendu le troisième trimestre avec un redémarrage qui ne fut que très lent sur la fin juin, période qui n’a pas bénéficié d’un feu vert clair de la part du gouvernement pour ce qui est des réouvertures de sites de vacances. Résultat, la baisse de CA devrait atteindre 90% sur le trimestre avril-juin. Le choc ne sera que partiellement amorti par une réduction des coûts. Malgré de probables annulations de loyers versés aux propriétaires sur les 2,5 mois pendant lesquels l’essentiel des sites étaient tout simplement fermés (un accord avec les propriétaires institutionnels devrait être finalisé fin juillet, mais cela met plus de temps avec les propriétaires particuliers), malgré un recours au chômage partiel à environ 70%, l’incidence nette de ce manque à gagner sur le ROC devrait s’élever à environ 130 M€ sur 3 mois.

Ce trimestre, "on ne le rattrapera pas" a indiqué Yann Callère, directeur général du groupe qui a pris ses fonctions en 2019 pour opérer son redressement. "Toute la bagarre concerne le T4, c’est une course contre la montre que nous menons actuellement pour rouvrir les sites, adapter notre offre à la demande notamment en la rendant plus flexible" a-t-il ajouté.

Et pour l’instant, les résultats sont encourageants pour ce qui est des réservations dès juillet, avec un taux de réservation supérieur à 50% pour le 4e trimestre (juillet-août-septembre) globalement en retard de 12% par rapport à l’année dernière. Un retard qui serait rattrapé de 1 à 2 points par semaine actuellement, la demande étant de nouveau très soutenue, notamment sur Center Parcs, la Bretagne et la montagne. Si les Pays-Bas se louent bien, l’Espagne affiche en revanche un retard de 46%. Quant aux prix, ils sont dans le budget. "Dès le début, on a fait le choix de ne pas baisser les prix" a affirmé Yann Callère. Notre clientèle recherche d’abord "de bonnes vacances, agréables pour se retrouver en famille, flexibles avec bonnes conditions sanitaires", a-t-il complété.

Graphique Pierre & Vacances

Cette année extrêmement compliquée plombera un peu plus la situation financière d’un groupe déjà très endetté et qui ne respectera bien évidemment pas ses convenant bancaires au 30 septembre. Heureusement, le PGE de 240 M€, un montant proche du maximum négociable, a été accordé par Bercy. De quoi redonner un peu de temps au management pour mettre en place, avec quelques semaines de retard, un plan de redressement qui semblait bien engagé. 

Le marché semblait y croire et aller de l’avant ce matin, revenant sur un titre en hausse de 7,65% à la mi-journée, à 19 €. Le relèvement de l’objectif de cours d’Oddo BHF sur le titre, de 17€ à 22€ "en raison de fondamentaux que nous jugeons solides en perspective des prochains exercices", n’y est sûrement pas pour rien.