Zurich (awp) - Le fournisseur de peptides à l'industrie pharmaceutique Polypeptide invite ses actionnaires à renoncer au versement d'un dividende au titre de 2022, l'exercice écoulé s'étant avéré aussi peu fructueux sur le front de la rentabilité que le laissaient entrevoir les deux avertissements successifs sur résultats. Les perspectives brossées par la direction n'augurent en outre pas d'embellie avant la seconde moitié de l'année en cours.

L'augmentation de près de 10% des affectifs pour une charge supplémentaire de plus de 20 millions d'euros, des frais opérationnels et d'entretien additionnels de 11,7 millions et un impact de l'inflation devisé à 10,8 millions ont grevé la rentabilité. L'excédent brut d'exploitation (Ebitda) ajusté a été amputé de plus de moitié à 38,67%, quand le bénéfice net a été laminé de près de 84% à 7,8 millions.

Les recettes sont dans l'ensemble restées stables, malgré le tassement d'une douzaine de millions à 50,7 millions des ventes liées à la pandémie de coronavirus. Le chiffre d'affaires a marginalement reculé de 0,4% à 281,0 millions d'euros. L'évolution s'est avérée contrastée en fonction des segments d'activité.

Le coeur de métier dans les projets sur mesure a livré une contribution allégée de 16% à 10,0 millions d'euros. La sous-traitance a étoffé la sienne de près d'un quart à 110,8 millions et les activités dans les génériques et les cosmétiques la leur de 18,3% à 30,2 millions.

Transition à finaliser

Toujours en quête d'un directeur général depuis le retrait subit du titulaire fin janvier, le groupe assure avoir pris des mesures pour corriger les soucis techniques et opérationnels qui ont bridé sa performance en 2022, ainsi que pour minimiser les risques de défaillances dans ses chaînes de production. L'accent sera exercé cette année sur l'extension de capacités de synthèse sur le site belge de Braine-l'Alleud, que le groupe espère mettre en service début 2024.

La feuille de route pour 2023 se décline en deux étapes. Les recettes devraient stagner sur les six premiers mois de l'année, tandis que la rentabilité risque fort de se révéler nettement moindre encore. Le second semestre doit donner lieu à un redressement notable aussi bien des recettes que la profitabilité. La marge brute ajustée doit au final rester stable autour de 15%.

Les analystes conservent leur confiance dans le titre, mais ne manquent pas de mettre en exergue l'impact encore plus important que prévu de difficultés pourtant clairement identifiées.

"Résultats 2022 encore plus faibles qu'attendu après deux avertissements sur bénéfice", tacle ainsi Daniel Buchta dans un commentaire. Les modestes attentes de croissance ont en effet été contrariées, et la rentabilité même ajustée n'a pas été à la hauteur des pronostics, poursuit l'analyste de la Banque cantonale de Zurich (ZKB). L'expert doute de l'établissement d'une nouvelle feuille de route stratégique aussi longtemps que s'étalera le processus de recrutement d'un nouveau patron.

Chez Vontobel, Konstantin Wiechert salue des perspectives pour 2023 moins moroses qu'escompté, mais note qu'elles sont déjà largement intégrées dans le cours du titre.

A 10h00, la nominative Polypeptide dévissait de 19% à 18,65 francs suisses, en ultime position et à contre-courant d'un SPI en petite hausse de 0,08%.

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