Zurich (awp) - Le sous-traitant pharmaceutique Polypeptide a accusé l'an dernier une perte nette de 51,4 millions d'euros (49,3 millions de francs suisses), attribuée notamment à l'évaporation des juteux revenus afférents à la pandémie de coronavirus. Investissements dans l'extension de capacités, ajustements opérationnels, sous-utilisation des moyens, effets de changes et augmentation de la charge fiscale ont aussi pesé.

Le chiffre d'affaires s'est enrobé de 14,0% à 320,4 millions. Hors effet Covid, la croissance aurait atteint 32,2%, souligne le rapport publié mardi. Les investisseurs sont invités à faire l'impasse sur un dividende au titre de 2023.

La croissance décoiffe la projection la plus optimiste des analystes consultés par l'agence AWP, qui plafonnaient le chiffre d'affaires à 302,9 millions. La perte nette aussi ébouriffe les attentes, la plus pessimiste limitant le déficit à 43,1 millions.

Le laboratoire zougois n'escompte pas renouer avec un bénéfice net dès l'exercice en cours, mais espère amorcer un redressement grâce à son positionnement sur le marché en plein essor des médicaments GLP-1 contre les troubles du métabolisme. Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) ajusté, négatif à hauteur de 6,0 millions en 2023, doit toutefois retrouver les chiffres noirs. La cadence de croissance doit ralentir entre 5 et 9%.

Nouveaux objectifs pour l'été

La direction planche sur l'élaboration d'une feuille de route à moyenne échéance, qu'elle pourrait dévoiler mi-août avec les résultats semestriels. Le directeur général (CEO) Juan-José Gonzales a laissé entendre en conférence de presse que les trois projets décrochés l'an dernier étaient susceptibles de multiplier les revenus annuels par deux à un horizon qui reste à déterminer.

Des investissements seront nécessaires pour ce faire, qui seront au moins en partie couverts par des prépaiements de la part des clients concernés. L'enveloppe pour l'année en cours comprend entre 60 et 70 millions, contre 54,3 millions l'an dernier. Elle servira notamment à accompagner la construction du bioréacteur de Braine-l'Alleud en Belgique, qui doit entrer en service dans le courant de l'année prochaine.

Evoquant un nouveau reflux de trésorerie en 2024, Daniel Buchta à la Banque cantonale de Zurich (ZKB) anticipe une nouvelle levée de fonds et s'interroge quant aux conditions d'une telle opération. L'analyste évoque sinon une performance honorable, qui trahit toutefois une persistance des soucis opérationnels qui ont bridé les résultats de l'entreprise ces deux dernières années.

Chez Baader Helvea, Leonildo Delgado considère l'objectif de rentabilité opérationnelle pour le moins optimiste pour l'année en cours.

La nominative Polypeptide caracolait en début d'après-midi au firmament de la Bourse suisse. A 12h48, la nominative s'envolait de pratiquement 20%, dans un SPI en hausse de 0,2%.

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