Paris (awp/afp) - Le géant pharmaceutique français Sanofi, engagé dans une transformation pour devenir champion en immunologie, a vu sa rentabilité plombée notamment par des coûts de restructuration liés aux plans sociaux annoncés au cours du premier trimestre 2024.

Le bénéfice net a chuté de 43,2% à 1,133 milliard d'euros (1,11 milliard de francs suisses au cours du jour) sur les trois premiers mois, en raison de coûts de restructuration et de charges d'amortissement, a rapporté le groupe dans un communiqué jeudi.

Les coûts de restructuration, à hauteur de 740 millions d'euros, sont "principalement liés aux plans sociaux annoncés au cours du premier trimestre et aux coûts de séparation" de son pôle de santé grand public qui réunit ses médicaments sans ordonnance, précise-t-il.

Sanofi a annoncé fin 2023 vouloir concentrer ses efforts de recherche dans l'immunologie, qui traite des maladies du système immunitaire, plutôt que sur l'oncologie, où les succès sont jugés insuffisants.

"Arriver tard ou sans valeur ajoutée significative ne fait pas partie du plan de Sanofi", a déclaré le patron du groupe Paul Hudson, en conférence téléphonique, à propos de la recherche en oncologie.

Plusieurs programmes de recherche dans le cancer vont ainsi être abandonnés et les ressources redirigées vers le développement de traitements en stade avancé, notamment contre l'asthme, la sclérose en plaques, la bronchite chronique, ou encore le diabète de type 1.

Ce choix stratégique se traduit par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui prévoit la suppression de 1.200 postes dans la recherche et développement mondiale, dont 330 en France.

"La CFDT a décidé de ne plus participer aux négociations du groupe jusqu'à nouvel ordre en raison des effets dévastateurs de la stratégie de Paul Hudson", le patron du groupe, a indiqué à l'AFP jeudi, le coordinateur CFDT au sein de Sanofi, Humberto de Sousa.

Des syndicats échaudés

Les syndicats sont déjà échaudés par les projets de Sanofi de céder la logistique en France (gestion des entrepôts et distribution des produits) au groupe DHL, ainsi que l'externalisation de sa division qui couvre les médicaments sans ordonnance.

Sur le front de l'activité commerciale, Sanofi a dégagé un chiffre d'affaires en hausse de 2,4% à 10,464 milliards d'euros, porté par la croissance de son médicament vedette Dupixent, celle des ventes de vaccins et des nouveaux lancements, mais entravé par un effet négatif des taux de changes.

A taux de change constants, les ventes progressent ainsi de 6,7% sur les trois premiers mois de l'année.

La performance de l'anti-inflammatoire Dupixent (collaboration avec Regeneron) a continué son ascension (+24,9%, à 2,835 milliard d'euros). Mais Sanofi doit en partager les profits avec le laboratoire américain.

Sanofi attend "les décisions réglementaires pour le Dupixent dans le traitement de la BPCO (Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive), une maladie progressive avec des options limitées de traitement efficace. Si approuvé, Dupixent sera le premier traitement biologique disponible pour la BPCO", a souligné Paul Hudson.

En revanche, les ventes d'Aubagio contre la sclérose en plaques continuent de pâtir de la concurrence (-74,7%) des génériques depuis l'an dernier et le groupe anticipe que "l'impact négatif devrait se poursuivre en 2024".

Dans les vaccins, le chiffre d'affaires augmente de 5,6% à 1,177 milliard d'euros, avec un "fort démarrage de Beyfortus (ndlr: contre la bronchiolite) qui a compensé l'absence des ventes du vaccin Covid-19 ce trimestre", note le groupe.

Dans la santé grand public, les ventes sont en hausse de 9%, à 1,525 milliard d'euros. Le projet d'externalisation de cette entité (Opella) "progresse bien", a assuré le directeur financier François-Xavier Roger. Sur les modalités de la séparation, prévue au quatrième trimestre "toutes les options sont ouvertes à ce stade", s'est-il borné à dire.

Sur l'exercice, Sanofi s'attend à ce que le bénéfice net par action des activités (BNPA des activités) "reste à peu près stable si l'on exclut l'impact de la hausse attendue du taux effectif d'imposition à 21%".

A la Bourse de Paris, l'action gagnait 2,65% à 90 euros dans un marché en petite baisse, vers 09h35.

afp/fr