Rembobinons jusqu'au 27 octobre dernier. Ce jour-là, l'action Sanofi s'effondrait de 19% à la cloche. La raison ? Un raté de communication majuscule. Le laboratoire avait profité de la publication de ses résultats du troisième trimestre pour créer de l'attente vis-à-vis de la journée de présentation de la R&D prévue le 7 décembre. Mais en annonçant sans ambages que priorité serait dorénavant donnée à la recherche plutôt qu'à l'amélioration des marges, le management a déclenché une tempête. Les analystes avaient trouvé la méthode un peu cavalière, d'autant que Sanofi n'avait pas donné beaucoup plus de détails. Le CEO, Paul Hudson, avait reconnu un raté dans la façon de présenter les choses. La présentation R&D du jour lui donnait donc l'occasion de rectifier le tir.

Séance de rattrapage

Le problème, c'est que les annonces du jour ne passionnent pas les foules, peut-être parce que les foules veulent du traitement anti-obésité ? Plus sérieusement, le titre perd 1,3% en séance aujourd'hui dans les heures qui ont suivi l'annonce. L'analyste Abhishek Reval, d'AlphaValue, voit trois explications à cet accueil tiède. D'abord, les marchés n'apprécient pas que la direction n'ait toujours pas quantifié ses efforts supplémentaires en matière de R&D. Ensuite, certains des 12 actifs blockbusters potentiels mis en avant dans le communiqué de presse en sont au stade des essais préliminaires ou intermédiaires, ce qui pourrait avoir dilué l'enthousiasme des investisseurs. Enfin, Sanofi doit prouver qu'il est capable de développer des médicaments blockbusters en interne, alors que ses derniers succès viennent de partenariats externes.

Peter Welford, de Jefferies, abonde "donner la priorité à la R&D par rapport à l'objectif d'une marge opérationnelle des activités de 32% a une logique stratégique, mais cela a pris le marché par surprise au troisième trimestre".

En résumé, c'est plutôt malin de privilégier le long terme par rapport au court terme, mais il y a des façons de le dire. 

Séance de re-rattrapage

Après la diffusion du communiqué ce matin avant l'ouverture parisienne, Paul Hudson a une nouvelle chance de clarifier les choses lors de la présentation orale, qui a démarré en début d'après-midi depuis New York. Le CEO de Sanofi a donné quelques billes aux analystes. Le groupe va ainsi dépenser près de 700 M€ de plus pour le développement de médicaments l'année prochaine. Il a aussi indiqué que les dépenses de développement sur le long terme se situeraient probablement entre 700 M€ et 1 Md€ de plus que le niveau de 2023. Malheureusement, ces annonces n'ont toujours pas relancé l'intérêt pour le titre, qui reste en baisse de plus de 1%.

Sanofi
Sanofi n'affiche pas le pire parcours du secteur sur 5 ans, mais son année 2023 est médiocre (Eli Lilly et Novo Nordisk ont été écartés pour que le graphique reste lisible)

Champion de l'immunologie

Sanofi a fait état jeudi de son ambition de devenir un champion de l'immunologie grâce aux lancements récents ou à venir d'actifs pharmaceutiques qui devraient générer plus de 10 milliards d'euros de ventes annuelles d'ici à 2030. Le groupe a indiqué avoir 12 blockbusters potentiels en cours d'étude clinique : neuf médicaments et vaccins innovants avec un chiffre d’affaires potentiel de 2 à 5 milliards d'euros chacun en rythme de croisière et 3 actifs aux potentielles multiples indications avec un chiffre d’affaires éventuel de plus 5 milliards d’euros chacun en rythme de croisière.

Le laboratoire pharmaceutique a dit que son anti-inflammatoire le plus vendu, le Dupixent, devrait continuer d'enregistrer une solide performance et que le taux de croissance annuel composé de son chiffre d'affaires devrait se maintenir dans la fourchette inférieure à deux chiffres entre 2023 et 2030. L'entreprise a réitéré son ambition de générer un chiffre d'affaires annuel supérieur à 10 milliards d'euros pour son activité Vaccins à l'horizon 2030.