Paris (awp/afp) - "Une forme de révolte s'organise": les syndicats de Sanofi sont en alerte depuis l'annonce de suppressions de postes dans la recherche et le développement dédiée à l'oncologie, conséquence du recentrage du géant pharmaceutique dans l'immunologie.

Sanofi a annoncé fin 2023 vouloir concentrer ses efforts de recherche dans l'immunologie, qui traite des maladies du système immunitaire, plutôt que sur l'oncologie, où les succès sont jugés insuffisants.

Le groupe a décidé "d'arrêter certains projets de recherche en oncologie", un domaine où il "n'a pas réussi à rattraper son retard sur les concurrents" et "veut reflécher les investissements là où sont les chances de succès", a expliqué un porte-parole à l'AFP.

Ce choix stratégique se traduit par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) présenté récemment aux instances représentatives.

Celui-ci prévoit la suppression de 1.200 postes dans la R&D mondiale, dont 330 en France, principalement sur le site de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) où 298 suppressions sont envisagées, et plus marginalement à Montpellier et Gentilly (Val-de-Marne).

Il s'agit du quatrième PSE dans la R&D du groupe en dix ans, après celui de 2014, 2019 et 2021, soulignent les syndicats.

"Une forme de révolte s'organise en intersyndicale", a indiqué lundi à l'AFP le coordinateur CFDT au sein de Sanofi, Humberto de Sousa. "On n'acceptera aucun départ contraint", avertit-il.

Fonte des effectifs

Les syndicats sont déjà échaudés par le projet de Sanofi de céder la gestion de ses entrepôts et la distribution de ses produits en France au groupe de logistique DHL et l'externalisation de sa division qui couvre les médicaments sans ordonnance et les compléments alimentaires.

La CGT dénonce ainsi "un coup de massue pour les salariés" avec ces nouveaux départs, qui concernent principalement des chercheurs, mais aussi des fonctions dans la réglementation. Le syndicat se demande si "réduire la part de l'oncologie à peau de chagrin" est pertinent "quand on sait que le cancer est la première cause de mortalité" en France.

"Les premiers départs interviendraient à partir de fin 2024 et début 2025", a précisé à l'AFP Aline Eysseric, déléguée syndicale centrale CFDT pour la R&D de Sanofi.

"Une réunion du CSE central s'est tenue le 11 avril, suivie de celles mi-avril des trois établissements concernés", souligne la syndicaliste qui rappelle que "les effectifs en R&D ont diminué de moitié en dix ans en France, passant de 6.000 à 3.000".

"Les négociations sur les mesures d'accompagnement commenceront le 16 mai et on va demander à élargir les départs solidaires", comme des départs à la retraite anticipée, "pour libérer des postes et permettre de reclasser les salariés en interne", a-t-elle ajouté.

"500 recrutements d'ici 2026"

Le projet de plan de départs présenté aux instances représentatives privilégie "le volontariat avec des mesures d'accompagnement attractives", affirme Sanofi, qui compte actuellement environ 11.000 postes dans sa R&D au niveau mondial.

Parallèlement, l'entreprise prévoit au moins "500 recrutements en CDI d'ici 2026" et "300 créations de postes sur des métiers en tension" comme dans l'IA, le numérique et la production.

Sanofi, qui a déjà arrêté la recherche dans les secteurs très concurrentiels du diabète et du cardiovasculaire, explique que les coûts de R&D en oncologie "sont plus élevés que dans les autres aires thérapeutiques alors que les probabilités de succès des essais cliniques sont très faibles, environ 3%".

Le groupe, septième valeur du CAC 40 en termes de valorisation boursière (au 19 avril), a dépensé plus d'un milliard d'euros en 2023 pour se développer en oncologie mais n'a, reconnait-il "pas toujours rencontré le succès escompté". Il affirme qu'il restera actif en immuno-oncologie.

Il va investir 700 millions d'euros supplémentaires en R&D en 2024 et 2025 pour accélérer le développement des vaccins et des traitements contre l'asthme, la sclérose en plaques, la bronchite chronique, ou encore le diabète de type 1.

afp/rp