Introduite en bourse il y a deux ans, en pleine bulle spéculative et donc à une valorisation délirante, SentinelOne a vu sa capitalisation boursière fondre comme neige au soleil depuis. 

C'est que ses fondamentaux se rappellent parfois aux bons souvenirs des investisseurs. Le chiffre d'affaires a décuplé en trois ans, certes, mais en parallèle la perte d'exploitation s'est également creusée puisqu'elle a quintuplé sur la période. 

Ladite exploitation resterait déficitaire même si l'on venait à "ajuster" les comptes pour retraiter les rémunérations en stock-options proprement ahurissantes, car équivalentes à 39% du chiffre d'affaires l'année dernière.

SentinelOne a-t-il atteint au terme du troisième trimestre qui s'achève un point d'inflexion ? Non seulement le rythme de croissance météorique se maintient, avec un chiffre d'affaires qui devrait dépasser $600 millions cette année ; mais en plus les rémunérations en stock-options ont enfin commencé à baisser.

Baisse relative cependant, puisqu'on passe de 39% du chiffre d'affaires l'année dernière à la même époque à 33% à la fin des trois derniers mois. Il y a du mieux, mais on continue d'évoluer à des niveaux élevés d'exubérance irrationnelle. 

Ce développement permet néanmoins à l'entreprise de réduire sa perte d'exploitation, quoique cette dernière reste substantielle puisque équivalente à la moitié du chiffre d'affaires. Le marché semble s'en réjouir et en pré-ouverture le titre bondissait de 15%.

Avec un milliard de trésorerie en excès, SentinelOne peut tenir à ce rythme encore deux ou trois ans. Les actionnaires auraient sans doute intérêt à ce que l'entreprise soit rachetée d'ici là. Elle est présentement valorisée à hauteur de six fois son chiffre d'affaires attendu en 2025.

Même si elle réalisait une marge nette de 10% — ce qui supposerait de régler cette épineuse question des rémunérations — la valorisation du moment représente un multiple de x63 le profit attendu à échéance. Autant dire qu'il faut aimer les sensations fortes.