* Conseil de surveillance de SNCM à haut risque lundi

* Gérard Couturier, pdt du conseil de surveillance pourrait être remplacé

* Transdev propose la nomination de son secrétaire général, Jérôme Nanty

* Transdev estime ne pas avoir les moyens de financer la compagnie (Actualisé avec potentiel successeur, précisions)

par Jean-François Rosnoblet et Geert De Clercq

MARSEILLE/PARIS, 11 avril (Reuters) - Actionnaire majoritaire de la SNCM, le groupe Transdev est passé à l'offensive en réclamant la révocation du président du conseil de surveillance de la compagnie maritime, Gérard Couturier, a-t-on appris vendredi de sources proches du dossier.

Ce point a été ajouté à l'ordre du jour du conseil de surveillance de la Société nationale Corse Méditerranée qui doit se tenir lundi à Paris, a-t-on ajouté.

Selon une source proche de Transdev, le groupe va proposer lundi de convoquer un assemblée d'actionnaires pour demander la révocation de Gérard Couturier et le remplacer par Jérôme Nanty, actuel secrétaire général de Transdev.

"Transdev veut pouvoir exercer son droit en tant qu' actionnaire majoritaire", a expliqué cette source.

Dans la matinée, un premier nom, celui de Claude Arnaud, avait circulé comme possible successeur à Gérard Couturier. Mais un nouvel ordre du jour rectificatif mentionnant cette fois le nom de Jérôme Nanty a été envoyé dans l'après-midi.

Veolia et Transdev n'ont pas fait de commentaire dans l'immédiat.

Détenu à parité par la Caisse des dépôts (CDC) et Veolia Environnement, Transdev, actionnaire à 66% de la SNCM, estime ne pas avoir les moyens de financer le fonctionnement de la SNCM, qui assure notamment la liaison entre la Corse et le continent.

Transdev rejette aussi le plan de développement de la compagnie en grande difficulté, qui doit rembourser 440 millions d'euros d'aides d'Etat jugées illégales par la Commission européenne. (voir )

RÔLE DÉTERMINANT POUR L'ETAT

Veolia, qui veut se désengager de Transdev, a proposé à plusieurs reprises de saisir le tribunal de commerce face aux difficultés de l'entreprise, ce qui a été refusé par la direction de la compagnie maritime.

Le vote lundi prochain des trois représentants de l'Etat, qui détient une participation de 25% dans la compagnie, devrait une nouvelle fois se révéler déterminant. Les actionnaires salariés détiennent par ailleurs 9% de la compagnie.

Dans une lettre aux syndicats de la SNCM, qui avaient mis fin début avril à une grève déclenchée pour obtenir des garanties sur l'avenir de la SNCM, le gouvernement avait rappelé ses engagements, dont l'achat de quatre nouveaux navires.

Mais il indiquait aussi qu'une réunion sur l'évolution de l'actionnariat serait organisée dans les prochaines semaines.

Le PDG de Transdev, Jean-Marc Janaillac, a pour sa part repoussé la possibilité d'engager une procédure collective au tribunal de commerce dans un courrier du 30 mars, jugeant que "rien dans la situation financière actuelle de l'entreprise ne justifie qu'un tel processus soit mis en oeuvre".

Il annonçait avoir engagé des négociations avec le groupe norvégien Siem Shipping pour céder la participation de Transdev dans la compagnie maritime, précisant qu'une issue positive à ces négociations dépendrait du "traitement" des 440 millions d'euros d'aides d'Etat que la SNCM doit rembourser.

"MENACE LÉTALE POUR LA COMPAGNIE"

Mais le 9 avril, Jean-Marc Janaillac soulignait qu'il n'y avait "pas de parade juridique probante à la demande de remboursement des aides d'Etat (...), qui constitue une menace létale pour la compagnie", et dit que Transdev n'avait pas les moyens de financer le fonctionnement courant de la compagnie.

La CDC, dont les syndicats demandent une entrée directe au capital de la SNCM afin d'en sécuriser le projet industriel, a écarté jeudi toute idée de participer à ce remboursement.

Jean-Marc Janaillac a également rappelé que Transdev ne soutenait pas le plan de développement de la SNCM, qui prévoit notamment la suppression sans licenciement de 500 postes sur les 2.600 actuels et l'achat de quatre navires.

Une information des actionnaires sur la rencontre avec l'investisseur norvégien est programmée lors du conseil de surveillance de lundi, qui ne se prononcera pas en revanche sur le plan de financement de la commande de ces navires aux chantiers navals STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).

Le remaniement ministériel a bouleversé le calendrier puisque la présentation de la solution de financement au ministre sortant des Transports, Frédéric Cuvillier, le 4 avril, puis aux syndicats, le 8, n'ont pu avoir lieu.

La présentation de ce plan de financement par la Caisse des dépôts et consignations est reportée à une date ultérieure. (Jean-François Rosnoblet à Marseille avec Geert de Clercq à Paris, édité Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : VEOLIA ENVIRONNEMENT, Siem Shipping Inc