Zurich (awp) - Le spécialiste des assistances auditives Sonova est parvenu sur son exercice décalé 2020/21 à étoffer sa rentabilité nette, malgré des recettes en baisse. La direction entend profiter d'un effet de rattrapage au sortir de la crise sanitaire pour renouer avec la croissance dès l'année en cours. A la Bourse, les investisseurs ont applaudi des deux mains.

Le bénéfice net s'est enrobé d'un cinquième à 585,3 millions de francs suisses, nonobstant une contraction de 10,8% des recettes à 2,60 milliards. La seconde moitié de l'exercice aura été nettement plus fructueuse que la première, qui s'était soldée par une décroissance de 25%.

Le groupe de Stäfa entend faire profiter ses actionnaires de cette performance en leur offrant un dividende de 3,20 francs suisses par action et en lançant au passage un programme de rachat d'actions doté de 700 millions d'ici à fin mars. Le nouveau programme remplace et annule le précédent, suspendu en mars 2020 au moment de l'éclatement de la crise sanitaire et qui avait permis de rapatrier pour 572 millions de francs suisses de titres.

Sur le plan opérationnel, l'excédent d'exploitation (Ebita) ajusté s'est érodé de 2,9% à 603,0 millions, mais a progressé de 5,6% en monnaies locales, détaille le compte-rendu diffusé mardi.

Rentabilité ébouriffante

La performance décoiffe les projections moyennes articulées par les analystes du consensus AWP, en termes de rentabilité notamment. Le chiffre d'affaires était attendu à 2,59 milliards, l'Ebita ajusté à 565,4 millions, le bénéfice net à 490,6 millions et le dividende à 3,00 francs suisses.

Les mesures d'optimisation adoptées en juillet dernier ont étiolé les effectifs de 4,5%, ramenant conformément à l'objectif fixé alors le total à 14'508 équivalents plein temps. Le coût de la restructuration s'est élevé à 38,9 millions, pour des économies devisées à 55 millions.

Les instruments d'audition (Hearing Instruments) - qui englobent notamment la marque Phonak - demeurent de loin la principale source de recettes de Sonova, avec 1,43 milliard (-4,7%). La part de ces revenus provenant du Department of veteran affairs aux Etats-Unis a atteint un point culminant sur les sept dernières années, à 56%.

La contribution d'Audiological Care s'est amenuisée de 8,7% à 953,5 millions. Celle des implants cochléaires a fondu de 15,9% à 184,5 millions.

Normalisation en vue

La direction table pour l'ensemble de l'année en cours sur un rebond des recettes de 24 à 28% hors effets de changes. L'Ebita ajusté doit, lui, s'envoler de 34 à 42%. Ces perspectives n'intègrent pas encore la contribution des casques sans fil de la marque Sennheiser, dont la société saint-galloise vient d'annoncer l'acquisition pour 200 millions d'euros.

Le feu de paille doit par la suite faire place à moyen terme à une croissance annualisée de 5 à 7%, assortie d'une progression de 7 à 11% de l'excédent ajusté. Le directeur général Arnd Kaldowski a confié en téléconférence de presse anticiper une prochaine normalisation de la demande sur le marché, au fur et à mesure du déploiement des campagnes de vaccination.

La question de la durabilité de la performance au-delà de 2022 chatouille les analystes. Daniel Buchta, pour la Banque cantonale de Zurich (ZKB), souligne que le segment des dispositifs médicaux dans son ensemble étoffe en ce moment sa rentabilité au gré d'un rétablissement de la demande d'une part et de coups de rabots dans les coûts de l'autre.

Les experts de Mirabaud s'attardent, eux, sur la feuille de route à brève échéance, considérée comme le point d'orgue de la présentation du jour. Les analystes de l'établissement genevois rappellent qu'eux-mêmes comme leurs confrères formulaient jusqu'à présent des prévisions nettement moins optimistes.

A la Bourse, l'action Sonova a fini sur un gain de 11,5% à 290,80 francs suisses, dans un SLI en hausse de 0,4%.

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