Le syndicat United Auto Workers a lancé vendredi des grèves simultanées dans trois usines appartenant à General Motors, Ford et Chrysler, la société mère de Stellantis, donnant ainsi le coup d'envoi de l'action syndicale américaine la plus ambitieuse depuis des décennies.

Les débrayages interrompront la production du Ford Bronco, du Jeep Wrangler et du pick-up Chevrolet Colorado, ainsi que d'autres modèles populaires.

Voici ce que les gens disent de ces débrayages sans précédent :

DAN IVES, ANALYSTE CHEZ WEDBUSH :

"Si la grève dure plus de trois à quatre semaines, elle sera modérément préjudiciable à la stratégie de GM et Ford en matière de véhicules électriques en 2024... Pendant que les piliers de Détroit se battent avec l'UAW, une bouteille de champagne est glacée au siège de Tesla."

SAM FIORANI, PRÉVISIONNISTE DE LA PRODUCTION CHEZ AUTO FORECAST SOLUTIONS :

"Il s'agit davantage d'une grève symbolique que d'une grève réellement dommageable [...]. Si les négociations ne prennent pas une direction que (le président de l'UAW Shawn) Fain juge positive, nous pouvons nous attendre à une grève plus importante dans une semaine ou deux."

KOJI ENDO, RESPONSABLE DE LA RECHERCHE SUR LES ACTIONS, SBI SECURITIES :

"On ne sait pas encore sur quel pourcentage d'augmentation salariale l'UAW et les Big 3 vont se mettre d'accord, mais si cela conduit par exemple à une augmentation salariale de 15 ou 20 % pour l'UAW, les constructeurs japonais (dont les travailleurs) n'appartiennent pas à l'UAW devront également augmenter les salaires (d'environ) le même montant, sinon les travailleurs des usines japonaises disparaîtront."

MICHELE DE PALMA, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU FIOM-CGIL, LE PLUS GRAND SYNDICAT ITALIEN DE LA MÉTALLURGIE, QUI REPRÉSENTE DE NOMBREUX TRAVAILLEURS DE STELLANTIS :

"La FIOM est là, à vos côtés ! En luttant ensemble, nous pouvons gagner. Luttons ensemble pour une nouvelle saison de droits pour la classe ouvrière dans le monde entier !"

LEE JAE-IL, ANALYSTE CHEZ EUGENE INVESTMENT & SECURITIES :

"Pour les constructeurs automobiles sud-coréens, la grève de l'UAW pourrait contribuer à augmenter le prix de leurs voitures aux États-Unis en raison des réductions de production, ce qui pourrait créer un environnement de marché favorable aux vendeurs. En outre, elle pourrait contribuer à augmenter les exportations de voitures vers les États-Unis. Toutefois, des perturbations de la production chez les fournisseurs de pièces détachées qui approvisionnent GM seraient inévitables".

ARTHUR WHEATON, DIRECTEUR DES ÉTUDES SUR LE TRAVAIL À LA CORNELL SCHOOL OF INDUSTRIAL AND LABOR RELATIONS :

"Ce n'est pas un coup dévastateur pour les communautés. Ce n'est pas un coup dévastateur pour le fonds de grève. Ce n'est pas un coup dévastateur sur le bilan de l'un des constructeurs automobiles, mais cela commence à faire monter les enchères, ce qui était l'objectif.

"Je pense qu'ils font des progrès à la table des négociations... les offres initiales (des constructeurs automobiles) étaient beaucoup plus basses, environ 9 % d'augmentation (des salaires) et maintenant vous avez jusqu'à 20 % d'augmentation. C'est plus du double. L'UAW a baissé les bras. Vous n'entendez plus parler de la semaine de 32 heures de la part de l'UAW".

STELLANTIS :

"Nous sommes extrêmement déçus par le refus des dirigeants de l'UAW de s'engager de manière responsable pour parvenir à un accord équitable dans le meilleur intérêt de nos employés, de leurs familles et de nos clients. Nous avons immédiatement mis l'entreprise en mode d'urgence et nous prendrons toutes les décisions structurelles appropriées pour protéger nos activités en Amérique du Nord et l'entreprise."

ELISSA SLOTKIN, REPRÉSENTANTE DÉMOCRATE DU MICHIGAN AUX ÉTATS-UNIS :

"J'ai hâte de rejoindre nos travailleurs de l'automobile sur le piquet de grève ce week-end. Pour le bien de l'économie du Michigan et de nos familles de travailleurs, j'espère que cette grève sera de courte durée [...]. J'espère que l'UAW et les trois grands continueront à négocier de bonne foi pour parvenir à un accord équitable le plus rapidement possible.

JAY TIMMONS, PRÉSIDENT DE L'ASSOCIATION NATIONALE DES FABRICANTS :

"L'impact de cette grève se fera sentir bien au-delà de la ville de Détroit, comme l'ont démontré de nombreuses analyses économiques. Les petites et moyennes entreprises du pays qui constituent la chaîne d'approvisionnement intégrée du secteur automobile subiront les conséquences de cet arrêt de travail, qu'elles soient ou non syndiquées.

MONICA BOSIO, ANALYSTE CHEZ INTESA SANPAOLO :

"S'il se prolonge, l'arrêt de travail dans les trois usines devrait avoir des effets secondaires importants en termes de pénurie de véhicules et de composants, ce qui pourrait en fin de compte exercer une pression supplémentaire à la hausse sur les prix finaux."

"Si, à ce stade, il est difficile de quantifier l'impact final des grèves sur certaines usines, nous soulignons que, parmi les trois grands, Stellantis est le plus rentable et qu'il pourrait tirer parti d'un seuil de rentabilité plus bas ainsi que de jours de stocks plus élevés que GM et Ford.

MARTINO DE AMBROGGI, ANALYSTE CHEZ EQUITA :

"Nous confirmons notre idée que si la grève devait durer moins de deux semaines, elle pourrait être récupérée d'ici la fin de l'année, tandis que si elle devait durer plus longtemps, elle pourrait compromettre la performance du quatrième trimestre."

"Le fait qu'elle soit sélective, bien qu'elle commence à toucher certains des modèles les plus rentables du groupe, rendrait moins lourdes les conséquences économiques, mais il n'est pas exclu qu'elle s'étende rapidement à d'autres usines." (Reportages de Joseph White à Detroit, David Shepardson et Trevor Hunnicutt à Washington, Peter Henderson à San Francisco, Heekyong Yang à Séoul, Daniel Leussink à Tokyo, Giulio Piovaccari à Milan ; Compilation par Anne Marie Roantree ; Rédaction par Jamie Freed et Savio D'Souza)