Le président de Stellantis, John Elkann, a nié lundi que le constructeur automobile avait des projets de fusion, en réponse aux spéculations de la presse sur un éventuel rapprochement avec son rival Renault, sous l'égide de la France.

M. Elkann a déclaré que le propriétaire de Peugeot, troisième constructeur automobile mondial en termes de ventes, se concentrait sur l'exécution de son plan d'entreprise à long terme.

"Aucun projet de fusion avec d'autres constructeurs n'est à l'étude", a déclaré M. Elkann, qui dirige également Exor, la holding de la famille Agnelli qui est le principal actionnaire de Stellantis.

Après avoir abandonné le marché russe, qui était à l'époque son deuxième plus grand marché après la France, et réduit la portée de sa coopération mondiale avec Nissan, Renault a été considéré comme une cible potentielle de fusions et d'acquisitions.

Les spéculations se sont intensifiées après qu'un ralentissement du marché des véhicules électriques l'a contraint, la semaine dernière, à annuler les projets d'introduction en bourse de son unité Ampere, spécialisée dans les véhicules électriques et les logiciels.

Sa capitalisation boursière reste obstinément faible, à un peu plus de 10 milliards d'euros (10,8 milliards de dollars), malgré un redressement financier au cours des dernières années.

Stellantis, issu de la fusion de PSA et de Fiat Chrysler en 2021 et l'un des groupes les plus rentables du secteur, a une capitalisation boursière de plus de 85 milliards d'euros si l'on tient compte des actions non cotées.

Il possède un portefeuille de 14 marques, dont Citroën, Jeep, Opel et Alfa Romeo.

ARTICLE DE PRESSE

Le quotidien italien Il Messaggero avait affirmé dimanche que le gouvernement français, premier actionnaire de Renault et détenteur d'une participation dans Stellantis, étudiait un projet de fusion entre les deux groupes.

Une porte-parole de Renault a déclaré lundi que le groupe ne commentait pas les rumeurs. Le ministère français des finances s'est refusé à tout commentaire dimanche.

Stellantis a croisé le fer avec le gouvernement italien, qui l'a accusé d'agir contre l'intérêt national à plusieurs reprises. La semaine dernière, le ministre de l'industrie, Adolfo Urso, a évoqué la possibilité que le gouvernement italien prenne une participation dans Stellantis afin de contrebalancer l'influence française.

Les actions de Renault ont réduit leurs gains après les commentaires d'Elkann pour rester en hausse de 1,2 % à 1220 GMT, après avoir initialement augmenté de plus de 4 %.

Le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, de nationalité portugaise, a déclaré la semaine dernière dans un entretien avec Bloomberg que le groupe était "prêt pour tout type de consolidation" et que son travail consistait à s'assurer qu'il serait "l'un des gagnants".

Les analystes s'interrogent toutefois sur le bien-fondé d'une fusion Stellantis-Renault, qui aurait également pour effet d'accroître la capacité excédentaire du groupe en Europe. Renault est dirigé par Luca de Meo, un Italien qui a notamment travaillé chez Fiat.

La semaine dernière, Jefferies a déclaré que l'Europe ne serait pas la priorité d'une éventuelle opération de fusion-acquisition de Stellantis, Renault n'offrant pas d'envergure significative dans d'autres régions du monde, et qu'une telle opération se heurterait également à des obstacles liés à la législation antitrust.

(1 $ = 0,9304 euro) (Reportage de Giulio Piovaccari à Milan ; reportages complémentaires de Danilo Masoni à Milan, Gilles Guillaume et Mathieu Rosemain à Paris Rédaction de Keith Weir et Giulio Piovaccari Édition d'Amanda Cooper et David Goodman, Kirsten Donovan)