Zurich (awp) - Le spécialiste des dispositifs dentaires Straumann a relevé ses objectifs annuels dans la foulée de recettes trimestrielles certes en hausse comme attendu, mais témoignant d'une croissance qui s'essouffle. Face aux difficultés liées à l'inflation, sa direction se veut sereine et compte notamment sur des hausses de prix.

Le chiffre d'affaires réalisé entre juillet et septembre s'est établi à 550,5 millions de francs suisses, en hausse de 10,9% par rapport à la même période un an plus tôt, a indiqué le groupe rhénan mercredi dans un communiqué. La croissance organique de 12,2% a été portée par l'ensemble des régions, l'Amérique latine (+21%) enregistrant la progression la plus marquée, dopée par la demande pour les implants de la filiale brésilienne Neodent.

Au cours des neuf premiers mois de 2022, le groupe a engrangé 1,7 milliard de francs suisses, ce qui correspond à une croissance organique de 18% en rythme annuel.

La performance de Straumann est d'autant plus remarquable au vu de la persistance des effets de change négatifs observés au premier semestre, ainsi que de l'impact de la période des vacances dans l'hémisphère nord pendant le trimestre sous revue. Alors que les devises grevaient la marge opérationnelle de 60 points de base (pb), l'impact devrait se monter à 100 pb, selon le directeur financier (CFO) Peter Hackel.

Casse-tête chinois

"Nous avons lancé de nouvelles solutions, présenté des résultats précliniques importants qui soulignent la qualité de notre offre haut de gamme et continué à améliorer notre solution ClearCorrect, qui a également été approuvée par les autorités réglementaires chinoises", s'est félicité le directeur général (CEO), Guillaume Daniellot, cité dans le communiqué.

La marche des affaires en Chine est cependant entravée par deux facteurs. D'un côté les confinements liés à la politique zéro-Covid qui rendent difficiles, voire impossibles, les visites chez le dentiste. De l'autre, de nombreux clients attendent l'issue d'un appel d'offres du gouvernement chinois visant à rendre les soins plus abordables.

Les nouveaux tarifs devraient être fixés d'ici la fin du mois en cours et entrer en vigueur dès l'année prochaine. M. Daniellot s'attend à voir les prix des implants baisser de 50 à 60% dans l'Empire du milieu, mais comme il s'agit de la partie la plus rentable de la palette, il estime que la marge brute devrait être "relativement bien protégée", insistant sur "l'opportunité de gagner un volume important" grâce à cet appel d'offres.

Difficultés en vue

Le troisième partiel de Straumann s'inscrit dans le haut de la fourchette des projections des analystes sollicités par AWP, les ventes en Amérique du nord dépassant même les pronostics les plus optimistes.

Forte de ces chiffres, la direction de l'entreprise a relevé ses ambitions pour l'ensemble de l'exercice et vise désormais une croissance autour de 15%, ainsi qu'une profitabilité de 26%, y compris des investissements "plus importants".

Plus circonspecte, la communauté financière pointe du doigt le nouveau ralentissement de la croissance organique et prédit au groupe bâlois des difficultés pour les prochains mois.

La Banque cantonale de Zurich (ZKB) qualifie de "très grande" l'incertitude entourant l'exercice 2023, voire 2024, alors qu'UBS souligne que le relèvement des objectifs, déjà pris en compte dans les estimations du consensus, implique un nouveau ralentissement significatif au quatrième trimestre.

Sur un ton plus conciliant, Vontobel fait remarquer que le ralentissement de la croissance est surtout dû à une base de comparaison élevée, même si la croissance "n'a pas surpassé le consensus autant que lors d'autres trimestres".

A l'image des analystes, les détenteurs de capitaux ont été tiraillés. Après avoir dominé les échanges une partie de la matinée, l'action Straumann a pris le chemin de la cave peu après la mi-journée pour finir en baisse de 0,6% à 94,64 francs suisses à la clôture, quand le SLI a terminé quasiment à l'équilibre (-0,02%).

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