WASHINGTON (awp/afp) - L'un veut baisser les impôts, l'autre les augmenter: les programmes économiques du républicain Donald Trump, hospitalisé vendredi avoir été testé positif au Covid-19, et du démocrate Joe Biden, les deux candidats à l'élection présidentielle américaine, sont radicalement opposés.

Quel que soit le vainqueur de ce duel incertain, il lui faudra disposer d'une majorité au Congrès pour mettre pleinement en oeuvre sa politique économique.

Si Joe Biden est élu le 3 novembre, les Américains les plus riches et les grosses entreprises paieront 4.000 milliards de dollars d'impôts supplémentaires sur les dix prochaines années.

Ces recettes fiscales, selon la plateforme du candidat démocrate, seront réinvesties dans des programmes sociaux et dans l'éducation, mais aussi les infrastructures, dont la modernisation est un vieux serpent de mer aux Etats-Unis.

"Les ménages à revenus bas et modérés bénéficieront plus de la politique de Biden que de celle de Trump", soulignent Mark Zandi et Bernard Yaros, économistes chez Moody's.

Ils font valoir qu'un second mandat de Donald Trump perpétuerait les baisses d'impôts ayant surtout bénéficié aux grosses fortunes et aux entreprises lors de son premier mandat.

Entre invectives et noms d'oiseaux, le premier débat, le 29 septembre, entre les deux septuagénaires n'a pas permis d'en savoir beaucoup plus sur leurs programmes économiques respectifs.

Donald Trump a clamé que son administration avait "créé la meilleure économie de l'histoire du pays", prédisant que si Joe Biden était élu, tout cela se casserait la figure.

Avant la pandémie, tous les signaux économiques étaient au vert, le marché du travail connaissait sa meilleure forme depuis 50 ans notamment.

Millionnaires et milliardaires

Joe Biden, qui se présente désormais comme le candidat des classes moyennes, explique que la politique de son rival profite principalement aux plus aisés.

"Les millionnaires et milliardaires comme lui se sortent très bien de la crise du Covid-19", insiste le candidat démocrate, qui dit vouloir "construire une économie" plus verte.

La transition énergétique doit permettre de créer "des millions d'emplois bien payés", selon son site de campagne.

Les propositions de Joe Biden "fourniraient à l'économie américaine un coup de pouce alors qu'elle se remet de la récession mondiale du coronavirus", estiment Nancy Vanden Houten et Gregory Daco, d'Oxford Economics.

C'est également la conclusion des économistes de Moody's, qui jugent que Joe Biden serait le mieux placé pour relancer la première économie du monde.

Selon leurs calculs, le plein-emploi, disparu avec la crise du Covid-19, pourrait être de retour dès le second semestre 2022 avec le démocrate, et seulement au premier semestre 2024 avec le républicain.

Ils estiment en outre que si Joe Biden abandonnait les politiques mises en place par son adversaire sur le commerce extérieur et l'immigration, ceci pourrait donner un coup de pouce supplémentaire à la croissance.

En revanche, quel que soit le vainqueur, le futur président sera freiné dans ses ambitions s'il fait face à une opposition au Congrès.

Trump ou Biden, la différence sera alors, au final, assez minime, anticipent Mark Zandi et Bernard Yaros.

"Made in America"

S'ils fustigent la politique économique de M. Trump, les syndicats n'embrassent pas non plus celle de M. Biden.

"Si nous sommes coincés avec encore quatre années de Trump, cela sera très dommageable pour notre pays et pour les travailleurs", alerte Carl Rosen, président du syndicat EU, qui représente 35.000 travailleurs de différents secteurs industriels.

Son syndicat ne soutient pas pour autant Joe Biden parce qu'il juge ses mesures trop tièdes.

Les deux candidats se rejoignent sur un point: la valorisation du "Made in America", martelé par Donald Trump pendant tout son mandat.

Ils partagent un "scepticisme quant au libre-échange", estime John Ricco, enseignant à l'Université de Pennsylvanie. "Les outils pour y parvenir ne sont pas les mêmes".

Plus de 3.400 entreprises tous secteurs confondus, dont Tesla, Home Depot ou encore Ralph Lauren, ont attaqué en justice l'administration Trump pour dénoncer des droits de douane supplémentaires imposés sur les exportations chinoises dans le cadre de la guerre commerciale sino-américaine déclenchée par le milliardaire.

cs-jul/lo/dax/fby