PARIS, 26 septembre (Reuters) - TotalEnergies devrait préciser mercredi ses perspectives de croissance dans le gaz naturel liquéfié (GNL), de génération de trésorerie et de retour aux actionnaires lors d'une journée investisseurs organisée à New York au cours de laquelle le groupe a prévu de détailler sa stratégie sans la Russie.

Contrairement à ses rivaux BP et Shell, TotalEnergies n'a pas décidé de quitter le pays - où il détient toujours des participations dans les actifs de Yamal LNG, dans le projet Arctic LNG 2 et dans le groupe gazier Novatek - malgré les sanctions internationales à l'encontre de Moscou depuis le début de l'invasion de l'Ukraine et certains analystes estiment que son exposition à la Russie a pesé sur son cours de bourse.

Le groupe français a cependant annoncé qu'il n'investirait plus dans de nouveaux projets en Russie, tout en continuant d'approvisionner l'Europe en gaz russe, et qu'il mettrait fin à ses achats de pétrole et produits pétroliers en provenance du pays d'ici à la fin de l'année. Il a aussi cédé des participations dans des champs pétroliers et gaziers.

Alors que TotalEnergies visait lors de sa précédente journée investisseurs, en septembre 2021, une croissance de sa production de GNL de 30% d'ici 2025 et des ventes de 50 millions de tonnes par an (Mt/an) à cet horizon, certains analystes estiment que le coup d'arrêt à ses projets de développement en Russie - en particulier Arctic LNG 2 - va freiner ses ambitions.

Selon Jefferies, "les objectifs de croissance du GNL reportés à 2027 éviteront à TotalEnergies de revoir à la baisse ses chiffres de l'année dernière".

"Après les annonces du groupe sur son portefeuille de GNL en Russie, la société a perdu environ 1,3 à 2 Mt/an de croissance", estime l'intermédiaire, précisant que la production de GNL de TotalEnergies ne devrait atteindre que 20 Mt/an environ d'ici 2026 - au lieu de 23 millions environ visés à cette échéance - et 25 Mt/an en 2027.

Jefferies estime en outre que TotalEnergies pourrait revoir à la baisse ses perspectives de croissance de la demande de GNL, sa prévision actuelle d'une hausse de 5 à 7% par an entre 2020 et 2025 étant "l'une des plus optimistes du secteur".

UN DIVIDENDE EN DOLLARS ?

TotalEnergies devrait également faire le point mercredi sur sa génération de trésorerie après avoir annoncé il y a un an qu'il anticipait une croissance de son cash-flow de 5 milliards de dollars entre 2021 et 2026 dans un environnement de prix de 50 dollars par baril.

Bien que la Russie n'ait représenté qu'une faible part de ce cash-flow en 2021 - soit quelque 1,5 milliard de dollars sur un total de 30,7 milliards -, la croissance risque en effet de pâtir également d'un nouveau retard potentiel dans le redémarrage du projet Mozambique LNG, suspendu en raison de l'insécurité dans la région.

"Nous nous attendons à ce que TotalEnergies maintienne sa prévision de croissance de 1 milliard de dollars par an (mais qu'il) reporte d'un an l'atteinte de l'objectif pour 2026 en raison de retards dans la réalisation des objectifs de croissance de GNL", indiquent dans une note les analystes de Cowen.

Barclays souligne cependant que le groupe français a cherché à compenser depuis six mois l'arrêt de son développement en Russie, notamment en lançant l'extension du terminal de GNL de Cameron, aux Etats-Unis, et en signant de nouveaux accords pour participer à l'augmentation des capacités d'export de GNL du Qatar.

L'intermédiaire estime même que TotalEnergies "peut se permettre" d'accroître encore son retour aux actionnaires dans un contexte de prix élevés, avec notamment l'option de proposer à l'avenir un dividende en dollars compte tenu de l'augmentation de sa base d'actionnaires aux Etats-Unis.

D'autres analystes s'attendent à ce que le groupe confirme son intention de faire croître son dividende de 5% par an et à ce qu'il accélère ses rachats d'actions au-delà du rythme actuel de 2 milliards de dollars par trimestre.

TotalEnergies pourrait aussi mercredi ajuster à la hausse son programme d'investissements à quelque 16 milliards de dollars par an - au lieu des 13 à 15 milliards annuels annoncés pour la période 2022-2025 - et relever une nouvelle fois ses objectifs de croissance dans les énergies renouvelables. (Reportage Benjamin Mallet, avec Elena Vardon et Ron Bousso, édité par Bertrand Boucey)